(HRP: Ma foi, cela me va tout à fait, c'est même très beau, cher Gascon ^___^. Par
)
Vaudois s'était dans un premier temps inquiété de la présence de ces deux hommes qu'il pensait avoir laissés bien tranquilles à l'auberge. Ils l'avaient donc suivi ! Le jeune homme se mordit les lèvres de n'avoir pas pu leur cacher un secret qui n'était pas le sien. Mais son estime pour les deux mousquetaires lui souffla aussitôt que ce secret n'était pas en danger dans des coeurs tels que ceux d'Athos et de d'Artagnan. Aussi se prit-il à sourire avec un certain plaisir, malgré l'ironie qui transparaissait sur le dessin de ses lèvres lorsqu'il invita les deux gentilhommes à venir participer à leur célébration nocturne.
Vaudois regagna lentement sa chaire improvisée en tentant de retrouver au fond de son âme sa sérennité un instant troublée par l'arrivée fracassante d'Artagnan et d'Athos. Il se recueillit quelques minutes en silence, imité par l'assistance muette, avant de reprendre son office et de célébrer l'Eucharistie.
Par moment, malgré son détachement, ses yeux rencontraient les deux paires d'yeux intrigués des deux amis, fixés sur lui, et il mesurait tout ce que pouvait avoir de surprenant ou d'inhabituel le culte calviniste pour ces deux catholiques. Malgré son esprit et son âme en prière, il observa Artagnan qui examinait avec surprise un certain nombre de fidèles ne pas aller communier. Aussi s'appliqua-t-il de son mieux, au cours de son office, à expliquer leur Foi. Il ne s'agissait en aucun cas pour lui de justifier ses opinions ou cette "trahison" nocturne qu'il avait commise, mais simplement d'accueillir ces deux hommes dans son univers.
VAudois sentait sa Foi brûler en lui comme une flamme. Tant de choses avait changé en lui. D'abord la mort d'Elie et cet instant où il avait voulu la mort, puis la présence de John, puis l'aveu d'Aramis, la mission d'Agrippa et ces hommes et femmes qui réclamaient sa prédication. Et à présent, cette présence, qui n'avait rien d'hostile ou de soupçonneux, chez les deux mousquetaires... Une présence presque... amicale....
La célébration était vibrante de ferveur et s'acheva dans une atmosphère d'incroyable communion des âmes.
Il y eut ensuite un temps de latence et Vaudois s'apprétait à quitter sa chaire improvisée quand le jeune homme qui l'avait accueilli le retint et prit la parole à son tour.
-Frères et soeurs de Foi, vous êtiez perdus et sans guide. Aujourd'hui, notre frère Job est venu prêcher parmi vous la Bonne Nouvelle. Vous n'aviez pas de berger, et il est venu. Notre frère Job est un prédicant. Mais nous aons besoin d'un pasteur. Mes frères de Foi, suivrons-nous la procédure?
Il y eut un léger frémissement dans l'assemblé suivi d'un murmure approbateur. Artagnan et Athos échangèrent un coup d'oeil, surpris, en entendant Vaudois être surnommé "Frère Job" . Une dizaine de fidèles se détacha de la foule et s'approcha de VAudois. Il n'y eut pas un mot.
Vaudois chercha du regard celui de ses deux compagnons de route. Il les fixa quelques minutes en silence, soupesant gravement sa décision. Sans doute les deux homme ne pouvaient-ils pas comprendre, ou ne comprenaient que très imparfaitement ce qui se jouait au sein de la communauté à cet instant : Vaudois, après avoir prêcher en public à plusieurs reprises venait d'être désigné par l'assemblée pour devenir son pasteur... L'oeil du jeune homme sembla briller d'un feu immense et il se contenta d'incliner gravement la tête, en signe d'assentiment à leur demande.
Désormais, il serait donc doublement attaché à sa Foi...