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 L'adieu à Vaudois

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3 participants
AuteurMessage
D'Artagnan
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D'Artagnan


Nombre de messages : 498
Localisation : Paris
Âge : 20
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MessageSujet: L'adieu à Vaudois   L'adieu à Vaudois EmptyDim 1 Oct 2006 - 2:43

La pluie s’était arrêtée, enfin. D’Artagnan, Athos, Aramis et Porthos se tenaient sur un côté de la tombe ouverte où reposait le corps de Vaudois, à même la terre. De Wardes, Grégoire et les valets étaient en face, le chapeau ou le bonnet à la main, silencieux. Leur prière muette s’élevait dans la campagne en fête après l’orage. Les oiseaux chantaient son oraison funèbre, et le ciel retrouvait un bleu d’azur, comme si le paradis lui-même venait à la rencontre de cette âme tourmentée.

D’Artagnan se dit qu’en tant qu’officier, il était de son devoir de parler. Il n’aimait pas enterrer les siens mais ce n’était pas la première fois, malheureusement. Il s’avança d’un pas et prononça ses mots, d’une voix ferme dont certaines intonations trahissaient une émotion réelle, sans compter ce tutoiement complètement inhabituel dans la bouche du lieutenant :

"Vaudois, qui que tu sois, tu étais notre frère et j’ai bien de la peine à enterrer aujourd’hui un frère alors que nous sommes libres et que le soleil brille à nouveau sur nos têtes. Pourtant, le ciel est témoin qu’il pleure dans nos cœurs.
Une victoire n’est jamais une victoire quand l’un des nôtres est tombé.

Il y a quelques jours encore je me méfiais de ce compagnon, je me demandais qui pouvait être cet ombrageux camarade tombé du ciel qui avait choisi de nous suivre.
Je le sais à présent. Vaudois était un homme de bien, un homme courageux, un homme de Dieu aussi, et un gentilhomme. "

Ce disant, d’Artagnan ne put s’empêcher de lancer un regard vers la duchesse qui se tenait debout, à l’écart, aux côtés de Kitty.

" Vaudois, je le dis comme je le pense, ton Dieu vaut bien le nôtre, et après tout n’est-ce pas le même ?
Qu’il te garde dans la paix éternelle, pour des siècles et des siècles, et t’accueille à ses côtés enfin apaisé.
Vaudois, repose en paix.
Amen."
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Aramis
Admin
Aramis


Nombre de messages : 658
Localisation : Paris
Rang : Mousquetaire du Roy
Âge : 24 ans
Date d'inscription : 11/06/2006

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MessageSujet: Re: L'adieu à Vaudois   L'adieu à Vaudois EmptyDim 1 Oct 2006 - 6:08

Tout au long que dura le discours simple, mais profond d'Artagnan, Aramis garda la tête inclinée et les yeux fermés. Comme tous, il répondit Amen en se signant, mais au moment où Porthos allait mettre une première pelletée de terre, Aramis l'arrêta en posant sa main sur son bras, et s'avança doucement.

S'étant recueilli un instant, il regarda chacun des assistants qui l'observaient, attendant ses paroles. Ses yeux s'abaissèrent vers la silhouette immobile du protestant, et il inspira profondément.

- Vaudois... Il y a des années que je te connaissais, que je voyais la profondeur de ton âme et de ta force, qui transparaissait dans ton regard, ainsi que dans tes gestes. Malgré l'opposition, la souffrance, la douleur... Rien de tout cela n'a jamais pu briser ton esprit. Jonathan Enguerran de Valentinois... Jean Vaudois... Malgré tant d'épreuves tu as su garder le feu de ton intégrité et surtout, tu as su garder ton âme. Repose en paix, mon ami... Mon frère.

Il prit une poignée de terre et la répandit doucement dans la tombe, et ses compagnons l'imitèrent tous, même la duchesse qui gardait les yeux au sol, ne disant mot. Porthos reprit sa pelle et commença de mettre la terre dans la tombe...

Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur. Il m’a conduit et amené dans les ténèbres, et non dans la lumière. Certes il s’est tourné contre moi, il a tous les jours tourné sa main contre moi. Il a fait vieillir ma chair et ma peau, il a brisé mes os. Il a bâti contre moi, et m’a environné de fiel et de travail. Il m’a fait tenir dans des lieux ténébreux, comme ceux qui sont morts dès longtemps. Il a fait une cloison autour de moi, afin que je ne sorte point ; il a appesanti mes fers. Même quand je crie et que j’élève ma voix, il rejette ma requête. Il a fait un mur de pierres de taille pour fermer mes chemins, il a renversé mes sentiers. Ce m’est un ours qui est aux embûches, et un lion qui se tient dans un lieu caché. Il a détourné mes chemins, et m’a mis en pièces, il m’a rendu désolé. Il a tendu son arc, et m’a mis comme une butte pour la flèche. Il a fait entrer dans mes reins les flèches dont son carquois est plein. J’ai été en risée à tous les peuples, et leur chanson, tout le jour. Il m’a rassasié d’amertume, il m’a enivré d’absinthe. Il m’a cassé les dents avec du gravier, il m’a couvert de cendre ; Tellement que la paix s’est éloignée de mon âme ; j’ai oublié ce que c’est que d’être à son aise. Et j’ai dit : ma force est perdue, et mon espérance aussi que j’avais en l’Eternel...

Souviens-toi de mon affliction, et de mon pauvre état, qui n’est qu’absinthe et que fiel. Mon âme s’en souvient sans cesse, et elle est abattue au dedans de moi. Mais je rappellerai ceci en mon coeur, et c’est pourquoi j’aurai espérance ; Ce sont les gratuités de l’Eternel que nous n’avons point été consumés, parce que ses compassions ne sont point taries. Elles se renouvellent chaque matin ; c’est une chose grande que ta fidélité. L’Eternel est ma portion, dit mon âme, c’est pourquoi j’aurai espérance en lui. L’Eternel est bon à ceux qui s’attendent à lui, et à l’âme qui le recherche. C’est une chose bonne qu’on attende, même en se tenant en repos, la délivrance de l’Eternel. C’est une chose bonne à l’homme de porter le joug en sa jeunesse. Il est assis solitaire et se tient tranquille, parce qu’on l’a chargé sur lui. Il met sa bouche dans la poussière, si peut-être il y aura quelque espérance. Il présente la joue à celui qui le frappe ; il est accablé d’opprobre. Car le Seigneur ne rejette point à toujours. Mais s’il afflige quelqu’un, il en a aussi compassion selon la grandeur de ses gratuités. Car ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes. Lorsqu’on foule sous ses pieds tous les prisonniers du monde ; Lorsqu’on pervertit le droit de quelqu’un en la présence du Très-haut ; Lorsqu’on fait tort à quelqu’un dans son procès, le Seigneur ne le voit-il point ? Qui est-ce qui dit que cela a été fait, et que le Seigneur ne l’a point commandé ? Les maux, et les biens ne procèdent-ils point de l’ordre du Très-haut ? Pourquoi se dépiterait l’homme vivant, l’homme, dis-je, à cause de ses péchés ?

Recherchons nos voies, et les sondons, et retournons jusqu’à l’Eternel. Levons nos coeurs et nos mains au Dieu Fort qui est aux cieux, en disant : Nous avons péché, nous avons été rebelles, tu n’as point pardonné. Tu nous as couverts de ta colère, et nous as poursuivis, tu as tué, tu n’as point épargné. Tu t’es couvert d’une nuée, afin que la requête ne passât point. Tu nous as fait être la raclure et le rebut au milieu des peuples. Tous nos ennemis ont ouvert leur bouche sur nous. La frayeur et la fosse, le dégât et la calamité nous sont arrivés. Mon oeil s’est fondu en ruisseaux d’eaux à cause de la plaie de la fille de mon peuple...

Mon oeil verse des larmes, et ne cesse point, parce qu’il n’y a aucun relâche. Jusques à ce que l’Eternel regarde et voie des cieux. Mon oeil afflige mon âme à cause de toutes les filles de ma ville. Ceux qui me sont ennemis sans cause m’ont poursuivi à outrance, comme on chasse après l’oiseau. Ils ont enserré ma vie dans une fosse, et ont roulé une pierre sur moi. Les eaux ont regorgé par-dessus ma tête ; je disais : je suis retranché. J’ai invoqué ton Nom, ô Eternel ! d’une des plus basses fosses. Tu as ouï ma voix, ne ferme point ton oreille, afin que je n’expire point à force de crier. Tu t’es approché au jour que je t’ai invoqué, et tu as dit : ne crains rien. Ô Seigneur ! tu as plaidé la cause de mon âme ; et tu as garanti ma vie. Tu as vu, ô Eternel ! le tort qu’on me fait, fais-moi droit. Tu as vu toutes les vengeances dont ils ont usé, et toutes leurs machinations contre moi.

Tu as ouï, ô Eternel ! leur opprobe et toutes leurs machinations contre moi. Les discours de ceux qui s’élèvent contre moi, et leur dessein qu’ils ont contre moi tout le long du jour. Considère quand ils s’asseyent, et quand ils se lèvent, car je suis leur chanson. Rends-leur la pareille, ô Eternel ! selon l’ouvrage de leurs mains. Donne-leur un tel ennui qu’il leur couvre le coeur ; donne-leur ta malédiction. Poursuis-les en ta colère, et les efface de dessous les cieux de l’Eternel.
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D'Artagnan
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D'Artagnan


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MessageSujet: Re: L'adieu à Vaudois   L'adieu à Vaudois EmptyLun 2 Oct 2006 - 14:07

D'Artagnan avait écouté Aramis lire ses mots, silencieux, les yeux rivés sur Porthos puis sur les laquais qui s'activaient à refermer la tombe. "Le diable m'emporte si j'ai compris un seul mot de ce jargon !" se disait-il. Probablement Aramis avait-il choisi ce texte en référence aux tourments qui agitaient souvent l'âme de l'ami Vaudois ? Mais ce n'était pas de ce Vaudois là dont il se souviendrait. Plutôt de celui qui les avaient ramassés, Athos et lui, au pied d'un ceriser…

Son regard s'arrêta sur Athos. Les yeux bleus de son aîné se perdaient dans le vague. Athos était là, mais il n'était pas là. D'Artagnan se surprit à poser la main sur son épaule. Mais il la retira aussitôt, comprenant qu'Athos souhaitait être seul un moment. La duchesse était en conférence chuchotée avec sa soubrette. Il était temps de s'occuper d'elle.
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Grégoire de La Tréaumont

Grégoire de La Tréaumont


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MessageSujet: Re: L'adieu à Vaudois   L'adieu à Vaudois EmptyMar 3 Oct 2006 - 22:27

[ oh là là ! je pleure à moitié devant mon ordi . Rien à voir avec Vaudois, un huguenot de plus ou de moins ( he he he, va jouer dans le mixer, le borgne ) mais je me rends stupidement compte que vous m'avez manqué, les gens . ]

Eh bien non ! Pas de La Tréaumont présent à cette triste cérémonie . Impossible de savoir où le drôle avait pu se fourrer . En fait il était peut-être tout simplement parti de son côté, se languissant d'atteindre Paris, ou s'était pris de mauvaise querelle avec un garde du château, ou Dieu sait quoi . De toute façon les compagnons absorbés dans leurs tristes pensées n'auraient pas prêté attention à ses fadaises même s'il s'était trouvé là . Mieux valait sans doute qu'il ne perturbe pas l'enterrement de ses bavardages sans queue ni tête .

Voilà tout ce que Grégoire se disait à lui-même tandis que se déroulaient ces événements récemment contés, et l'on peut aisément en déduire que son esprit déjà point fort assuré dans ses bottes avait sombré pour le coup dans un état de profonde agitation . Réfugié dans un arbre sur le coteau d'en face d'où il observait sans se faire remarquer les allées et venues des protagonistes, il parlait tout seul à mi-voix, essayant de se figurer ce que les uns et les autres pouvaient trouver à dire, et tombant en ce qui concerne ce point épineux dans une aporie de plus en plus totale .

La voix dans sa tête l'agaçait souverainement . Un jour prochain il prendrait son pistolet et la ferait taire une fois pour toute . Mais il ne fallait pas troubler le discours d'Aramis . Je me demande ce qu'Aramis raconte depuis tout à l'heure . C'est un homme intelligent, pour parler facilement comme cela . Moi ... mais tout ça n'a rien à voir avec moi . Je ne le connaissais pas, ce monsieur qui est mort . Je ne l'ai pas vu mourir .
Quand je les ai rencontrés, j'ai cru qu'il était borgne comme moi et j'ai commencé à être curieux ... sinon je ne me serais peut-être jamais mêlé de leurs histoires compliquées . Je serais à Paris depuis lors, probablement . Mais qu'est-ce que j'allais chercher à Paris ? Bon, j'avoue ...

Grégoire savait par coeur toute la liturgie latine, mais c'était en tant qu'artiste religieux . Il se refusait à prier, fût-ce pour une âme, fût-ce même pour la sienne : la vérité est que ça lui faisait peur . Il sauta à terre et s'éloigna d'un pas vif entre les arbres . Il ne savait pas ce qu'il voulait, éviter qu'on remarque qu'il avait tout observé comme un sauvage des Indes qui s'étonne des coutumes chrétiennes, ou simplement mettre de la distance entre lui et ces visages qui lui donnaient un pénible pincement au coeur .
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