Adishatz, amics,
Je me présente, Artaignan, à votre service. Il y a quatre ans je suis monté à Paris avec mon bidet béarnais...Une jument qui répondait au doux nom de Bouton d'or... A Meung, je me pris de bec avec mon futur ennemi, Rochefort, vous connaissez ? Grand, brun, petite moustache, une cicatrice au visage...Ah ! L'affront ! Il était écrit que je devais me battre très vite avec tous les protagonistes de cette histoire. A peine arrivé au but, à l'hôtel de Monsieur de Tréville, me voilà heurtant de front mes trois meilleurs amis : j'ai nommé Athos, Porthos et Aramis. Quand je pense que nous avons failli nous entretuer ! C'est un bonheur d'avoir eu des rivaux comme les gardes de Monsieur le Cardinal ! Grâce à leur intervention, fer à la main, mes amis et moi avons évité de nous battre et avons découpé à la place quelques morceaux de leur casaque rouge. Depuis, nous sommes inséparables, et c'est heureux, car nous avons vécu ensemble de bien terribles événements. Seule notre indéfectible amitié nous a permis de traverser tous ces orages. Seul, je ne serais rien, je le sais, et aujourd'hui la présence de ces nobles coeurs à mes côté m'est plus que jamais indispensable. Mais combien de temps resterez-vous à mes côtés, mes cher amis ? Me voilà promu à mon corps défendant, et vous valiez tous bien plus que moi de passer officier! Hélas, que de donnerais-je pas pour redevenir simple cadet et retrouver ma douce Constance ...
Pour tout vous dire, je suis inquiet pour Athos. Il a abandonné peu ou prou son désastreux penchant pour la dive bouteille mais sa vie est vide et son âme est si triste. Je viens de quitter Porthos qui se réjouis du passage ad vitam aetarnam de son rival procureur, mais si sa duchesse est bien brave, Dieu qu'elle est laide ! Quant à Aramis, à la prochaine déception sentimentale; on le retrouvera encore dans les bras des jésuites la tête embrouillées de latineries obscures...Miserere, tout cela ne me dit rien de bon et la fin de cette vipère de Milady nous a mis le coeur en berne. La vengeance, voyez-vous, est chose bien banale et il est faux de croire qu'elle puisse atténuer la souffrance. J'ai 20 ans, la vie devant moi, et pourtant j'ai déja connu et perdu le seul grand amour d'une vie et je me fais aujourd'hui bien du souci pour mes amis. On dit que les huguenots pourraient encore se révolter. J'en viens à l'espérer. Mordious !! Seule une bonne guerre pourra nous changer les idées. Allez, mon brave Athos, mon cher Porthos, mon doux Aramis; fonçons dans le tas et Diu vivan !!