Nouvelle et désespoir...

Athos vit cette traînée humide rouler en une perle salée le long de la joue d'Aramis, et pour la première fois depuis longtemps, il sentit sa gorge se serrer. Aramis ne pleurait jamais. Jamais. Comme lui.

Athos prit, sans lâcher la main du jeune homme, la lettre que celui ci lui tendait. Il la lu rapidement, et ne put empêcher un soupir de franchir ses lèvres. Oh, les femmes, l'amour... Toujours, toujours, la même histoire, la même douleur...

-Aramis...

Il chercha les mots, il ne les trouva pas. Il ferma les yeux et se souvint de sa propre douleur. Des mots, à cette époque là, il ne les aurait pas supportés... Alors il se contenta d'embrasser son camarade en silence, et de lui faire sentir du mieux qu'il pouvait que quoi qu'il arrive, il serait toujours là.

L'accolade que lui fit Athos lui sembla comme une oasis dans le désert. Il serra fortement son ami contre lui, silencieux autant que son compagnon. Mais il dut bien vite relâcher, la perte de sang occasionnée par sa chute de l'après-midi l'ayant laissé affaibli.

- Merci, ami.

À ce moment-là, Bazin entra en compagnie de l'archevêque. Il regarda avec surprise Athos, mais ne s'en inquiéta pas outre mesure. Le noble comte ne ferait sans doute rien pour détourner son maître de sa juste voie, celle de l'Église... Et pas de D'Artagnan en vue non plus! Bazin était euphorique. Il touchait enfin au but!

L'archevêque s'approcha du lit, et tendit une main aux deux jeunes hommes.

- Bonsoir, Messieurs. Je suis venu dès que j'ai pu me libérer, Monsieur d'Herblay. Vous aviez souhaité me voir?

Aramis serra la main de l'archevêque et inclina son visage dessus, en signe de respect.

- Je vous remercie de cet honneur, Monseigneur. En effet, je vous ai fait venir pour vous faire part de ma décision de rentrer dans les ordres.

(HJ :A minuit ? Le service est permanent chez les archevêques...En plus, il a écrit toute une thèse en un bout de soirée, et affaibli et à moitié vidé de son sang en plus ! Mordious ! Ce n'est pas Aramis, c'est Albator ! Ah, pardonnez à d'Artagnan, c'est un moqueur qui ne veut pas voir Aramis s'enfermer chez les marmoneurs de psaumes !!!)

(HJ: Eh bien en ce cas, très cher ami, venez vite nous rejoindre, et Bazin attendra encore, mdrrrrrrr! )

(A ton service, ami, j'arrive).

A cet instant, le marteau frappa encore à la porte. L'archevêque sursauta. Aramis tourna son doux visage vers la porte et Athos fronça le sourcil.
Bazin alla ouvrir, prudemment.

D'Artagnan jaillit de l'obcurité comme un diable et voiyant le prêtre, il s'écria-t-il, horrifié:

- Que vois-je ici, on administre l'extrême onction à notre ami ? Athos ! Dîtes mois que ce n'est pas vrai !

Bazin eut un tel regard horrifié en voyant arriver le jeune gascon qu'il fit éclater de rire Athos et fit apparaître un sourire doux sur le visage d'Aramis. L'archevêque, drapé dans sa dignité, s'approcha du jeune homme.

- Vous vous trompez, Monsieur. Monsieur d'Herblay, dit-il en insistant sur le nom, s'apprête à me montrer la thèse écrite dans le but de son ordination.

Le regard d'Aramis allait de son ami à l'évêque, et vice-versa. Il tendit la main à son ami pour que celui-ci s'approche.

- Bonjour D'Artagnan. N'ayez crainte, je ne suis pas mourant. Ce que Monseigneur dit est vrai, mon ami.

Bazin fit un grand sourire (HJ: c'est moi qui l'anime et pourtant, là, j'ai envie de boxer son nez... ) et, sans plus voir le jeune homme, regarda béatement l'archevêque qui parcourait une à une les feuilles écrites du jeune homme.

- Ces quelques pages constituent le début de ma thèse, Monseigneur. Je me suis inspiré de l'idée que j'ai souhaité développer à Crèvecoeur sous la houlette du supérieur des Jésuites d'Amiens. Tenez, vous souvenez-vous, D'Artagnan, de ce thème? Non inutile est desiderium in oblatione...

L'archevêque regarda Aramis, puis le texte, puis fronça légèrement les sourcils.

- Le thème général de votre présente thèse est bon, mais le sujet que vous avez choisi pourrait être considéré comme étant par trop idéal. Vous vous écartez, et c'est bien dangereux, des dogmes de notre Sainte Foi. Vous évoquez le pardon, vous évoquez l'oubli et le don de soi, c'est fort bien, mais c'est paradoxal, car contradictoire avec le but précis de la thèse, qui se doit d'être dogmatique.

(HJ: C'est bien connu...Tous les Aramis sont des hérétiques si!! mais si heuh...c'est un fait )

(HJ: si tu me voyais, cara amiga, tu verrais une fille qui se tient les côtes de rire!!! Ah! Quelle chance que tu sois là!)

L'archevêque regarda Aramis, puis le texte, puis fronça légèrement les sourcils.

- Le thème général de votre présente thèse est bon, mais le sujet que vous avez choisi pourrait être considéré comme étant par trop idéal. Vous vous écartez, et c'est bien dangereux, des dogmes de notre Sainte Foi. Vous évoquez le pardon, vous évoquez l'oubli et le don de soi, c'est fort bien, mais c'est paradoxal, car contradictoire avec le but précis de la thèse, qui se doit d'être dogmatique.

D'Artagnan hocha la tête, désepéré.

- Ah non, cela ne va pas recommencer ! Aramis reprenez-vous !
On écrit pas une thèse en cinq minutes et il vous manque encore cinq bonnes années de réflexion. Athos, dîtes quelque chose, vous voyez bien que notre ami fais une rechute !

(HJ: Je n'ai pas d'imagination, j'ai à peu près repris les paroles du Jésuite d'Amiens... les citations latines en moins... )

Athos se taisait, se contentant de regarder la scène en souriant, assis légèrement en retrait. Comme à son habitude, il n'encourageait ni ne décourageait personne. Il posa simplement son regard sur le visage d'Aramis.

- Ah non, cela ne va pas recommencer ! Aramis reprenez-vous ! On écrit pas une thèse en cinq minutes et il vous manque encore cinq bonnes années de réflexion.

Le chevalier eut un léger sursaut à ces paroles de son ami, et lui aussi se mit à rire. Et à nouveau, il grimaça de douleur ce faisant. Bazin leva les bras au ciel, s'attirant un regard de reproche d'Aramis, qui sans parler (il se tenait encore les côtes) lui intima l'ordre de quitter la pièce.

L'archevêque, pris au dépourvu par la fougue du jeune mousquetaire, fit un pas en arrière et laissa le jeune homme s'approcher du blessé. Aramis fixa son doux regard dans les yeux de D'Artagnan.

- Vous savez bien, cher ami, que je souhaite être d'Église.

- Parbleu ! Vous dîtes cela au moindre chagrin d'amour. Enfin, ami, reprenez-vous, vous survivrez aussi à celui là, car c'est bien de cela qu'il s'agit, n'est-ce pas ? Vous rentrerez dans les ordres quand vous aurez mûrement réfléchi mais d'ici là, ne fuyez pas le monde et faites feu de tout bois, Mordious !!

(HJ : Mon non plus, diantre, je me répète, mais qu_i suis-je exactement ?!? )

L'archevèque jeta un regard furibond vers le mousquetaire empêcheur de prononcer ses voeux. Bazin roulaient des yeux affolés et regardait tout à tour ce paien d'Artagnan et le pâle visage d'Aramis. Pourvu qu'il ne se laisse pas convaincre encore par ce suppot de satan !

- Aramis, mon ami, êtes vous si peu sûr de vous que vous ne voulez même pas vous donner quelques jours de réflexion?

(HJ : Aramis devrait être sonné maintenant, avec tout le sang qu'il a perdu.. Ah si, c'est vrai, c'est Albator. Il s'écroulera pas ?!)

(HJ: Heu! je sais plus trop là! nous partageons la même âme parfois! ... quelque part dans une autre vie...)

- Parbleu ! Vous dîtes cela au moindre chagrin d'amour. Enfin, ami, reprenez-vous, vous survivrez aussi à celui là, car c'est bien de cela qu'il s'agit, n'est-ce pas ? Vous rentrerez dans les ordres quand vous aurez mûrement réfléchi mais d'ici là, ne fuyez pas le monde et faites feu de tout bois, Mordious !!

L'archevêque rougit et se signa, épouvanté. Il choisit de faire une retraite précipité par les escaliers, bousculant au passage Bazin, qui était près de la porte, et qui courut derrière l'homme d'Église.

Aramis pâlit aux propos énergiques de son ami, puis regarda, éberlué, l'archevêque quitter la pièce. Il regarda ses deux amis, Athos impassible, et D'Artagnan emporté, appuya son front sur sa main et secoua la tête. Quel remue-ménage!

Mais la présence pétillante de son ami, même sans lettre providentielle, lui était d'un grand réconfort. Il chercha les feuillets de thèse, s'aperçu que l'archevêque les avait emporté avec lui dans sa course. Il rit encore. L'étincelle était revenue dans son regard.

- Mais c'est qu'il est parti avec ma thèse, le drôle!

- Aramis, mon ami, êtes vous si peu sûr de vous que vous ne voulez même pas vous donner quelques jours de réflexion?

- Ah! c'est mûrement réfléchit!

Il referma son écritoire promptement et remit la plume à son feutre, placé derrière lui, prenant bien soin de faire la faire bouffer. Puis il s'étendit à nouveau, mais cette fois sa physionomie n'avait rien de celle d'un abbé. Le mousquetaire en lui était de retour.

(Porthos revenait repu et bienheureux de sa soirée chez sa procureuse. Rien n'avait été épargné pour lui faire plaisir : soupe d'écrevisses, jambon à l'os, escargots de Bourgogne à l'ail, gigot aux fèves et farandoles de fromages accompagnés d'un florilège de vins que le procureur avait mis tant d'années à stocker dans sa cave ...Tout cela fondait comme neige au soleil et la mine de Porthos prospérait au même rythme que ses affaires avec Madame. La soirée se poursuivit en tête à tête avec "la Baronne " quand sous le coup des onze heures et demie, Porthos s'avisa qu'il était temps de rentrer, le couvre-feu était en place depuis longtemps déja...

Il prit congé de la dame et lança son cheval en direction du quartier où il résidait non loin de chez Aramis. Là, voyant de la lumière aux fenêtres, il devina qu'il y avait encore de l'animation chez son ami, et décida qu'il était encore temps de venir le saluer et s'enquérir de sa santé. Il attacha son cheval dans les écuries et vint toquer à la porte avec énergie.)


TOC TOc TOC

- Mais qui peut venir encore à cette heure ? -gémit Bazin qui était au bord de la crise de nerf.

Aramis regarda son laquais avec une expression s'apparentant à de la commisération.

- Bazin, épargnez-nous vos jérémiades, s'il vous plaît, et allez ouvrir la porte, morbleu!

Il ouvrit à Porthos, qui paraissait tout ragaillardit et surtout joyeux.

- Entrez, Porthos! Ma foi, nous sommes tous réunis!

- Aramis ! Athos ! Artagnan ! Pardieu j'ai bien fait de venir, s'exclama le géant. Moi qui craignait de vous trouver tout silencieux, Aramis, allongé sur votre lit de douleur, allangui dans la prière ou une de ces sortes de recueillement !

Athos et d'Artagnan se regardèrent et éclatèrent de rire. Aramis concéda un petit sourire pincé. Porthos ne comprit pas, mais ne se formalisa pas non plus de cet échange de rires injustifiés. Il dévoila soudain avec ravissement l'objet volumineux qu'il dissimulait derrière son dos;

- Et voici ,mes amis, un magnifique jambon à l'os que vous offre Mme la Baronne avec ses compliments, et qui à voyagé à dos de coursier par livraison spéciale Porthos !

- Remerciez votre Baronne ! - lança Athos.

- Bazin, dresse la table, ordonna Aramis, et prépare moi un plateau car je ne peux me lever.

(IHJ : Peuh il n'y a qu'Aramis pour se faire un plateau télé dans such ciconstances)

(HJ: HAHAHAHA... répété quelque dix fois!!! Plateau-tv... *crampe à nouveau de rire*)

Le serviteur, l'air malheureux, obéit prestemment. Il commença par ranger l'écritoire abandonné d'Aramis et puis il dressa la petite table qui se trouvait dans la chambre du jeune homme. Il n'y avait que deux chaises dans la pièce. On approcha la table du lit d'Aramis et D'Artagnan s'assit près de son ami sur le lit.

- Bon, puisque nous voilà réunis, amis, racontez-moi donc un peu ce qu'on fait dehors pendant que je me morfonds au lit!

( HJ : Vindedjû, et oui, Athos, dont la mère porteuse est âgée de 17 ans, se fait toujours virer de l'ordinateur trop tôt... et voilà le résultat : à chaque fois, tel la cavalerie, il est toujours en retard !! Tssss )

Athos avait suivi l'écgange avec l'archevêque sans rien dire, comme à son habitude, mais avait tout de même bien rit aux interventions de d'Artagnan. Celui là était décidément un vrai feu follet, qui savait toujours les réchauffer au bon moment.

Il sourit en voyant débarquer Porthos et son jambon de Baronne.

-Remerciez votre Baronne ! dit il.

Les quatre amis s'installèrent, et Athos fit le service.

-Pauvre Bazin, ne put-il s'empêcher de dire en riant une nouvelle fois au souvenir de tout ce qui s'était passé.

Lorsqu'Aramis réclama le droit de savoir ce qui se passait depuis qu'il était cloué au lit, Athos repensa fugitivement à sa rencontre avec Emmanuelle de Bayle, puis à la bagarre déclenchée à la taverne avec Vaudois. Curieusement, il choisit de garder le 1e évênement pour lui, mais raconta le second.

-... et voilà. Conclut-il une fois qu'il eut fini. Une victoire hors-champ de bataille de plus à l'actif, messieurs, ce qui en soit n'est pas extraordinaire... Mais j'ai le sentiment que ce gentilhomme n'était pas là pour rien, et cela m'intrigue... Savez vous qu'il me connaissait ? Du moins, il a semblé me reconnaître, et m'a nommé pour l'un des Inséparables...

Aramis prit une bouchée, pensif. L'événement relaté par Athos pouvait fort bien n'être qu'une bataille ordinaire de cabaret, mais quelque chose le dérangeait dans le réçit.

Porthos quant à lui, s'étrangla dans sa gorgée de vin et fixa le comte de ses grands yeux étonnés.

- Vous étiez à deux contre ces douze maroufles? Peste, mon cher, permettez-moi de vous faire mon compliment!!!

D'Artagnan, quant à lui, se contentait d'écouter. Aramis savait que le cerveau en ébulition(^^) du jeune gascon y trouverait certes une explication à laquelle personne n'aurait pensé. Aramis réfléchit encore un moment, puis se risqua d'une hypothèse.

- Vous avez toujours eu un instinct sûr pour déceler les anormalités, Athos. Cette bagarre pouvait en effet n'être qu'une simple bagarre de cabaret, mais elle pouvait aussi cacher quelque chose de plus, une diversion par exemple...

-Une diversion ?!...

Athos réfléchit quelques secondes.

-Aramis, ce que vous venez dire là est fort possible. Quand j'y repense... Ce Vaudois semblait attendre quelqu'un. Et il n'est venu me trouver qu'après avoir scruté la porte pendant un bon moment.

Athos soupira.

-Mais je préférerait éviter tirer des conclusions attives de cet évênement. Je n'aime point à juger les gens sur les apparences.

- Tout de même, il ressemblait à quoi, votre Vaudois ?

-Hmmm... Il était de ma taille, les cheveux bruns, et... Oh, il cachait sans cesse une partie de son visage, et surtout son oeil droit avec cette mèche. L'oeil qu'il montrait était d'un noir étrange... Lui même d'ailleurs était vêtu tout de noir.

Athos écarquilla les yeux.

-Oui, il avait tout d'un huguenot !...

- Ventre Saint-Gris, si ça se trouve, Athos, il était de ceux qui nous ont attaqué près de chez Tréville -fit Porthos avec son bon sens habituel.

Les quatres amis se regardèrent attérés.

- Effectivement, ajouta d'Artagnan, cela expliquerait qu'il vous ait reconnu comme l'un des inséparables....

Aramis, que le souvenir de cette bagarre répugnait, avait la mine sombre...

- Ah! S'il fallait que cet homme soit celui qui m'a si traîtreusement taillé l'épaule par-derrière.

Son regard devint sanglant, l'espace d'un bref moment, puis il reprit sa physionomie impassible.

- Je ne sais pas comment s'est terminé le combat, en vérité. Comment diable cela s'est-il terminé, Athos?