Porthos dégustait une nouvelle bouteille de vin d'Anjou accompagné d'un fromage de pays bien coulant sur une tartine de pain.
- Mousqueton ! Encore du pain, que diable ! Tu veux m'affamer ?
Mousqueton qui était en train de cirer les chaussures de son maître se précipita à la cuisine chercher une nouvelle miche.
A cet instant, on frappa à la porte...
Mouqueton alla ouvrir, toujours en protestant. D'Artagnan le salua d'un"Bonjour Maitre Mousqueton" pour le moins jovial et alla trouver Porthos dans sa salle à manger.
- Le chevalier d'Artagnan en personne ! Pardieu, comment vous portez vous depuis hier ?
- Mieux qu'Aramis, enfin, pour l'instant.
- Ho ho ! Qu'est-ce à dire ?
- Et bien mon cher Porthos, que diriez-vous d'un duel ?
- Un duel ? Un vrai ?
- Oui, un duel, un vrai, avec un bellâtre que je bousculais tantôt et qui ne voulut pas croire en ma bonne foi !
- Bah, ce sont des choses qui arrivent...
- Si fait.
- Quand ?
- Demain à midi, au Grand Pré aux Clercs.
- Combien avez-vous besoin de témoins, Artagnan ? Peut être faut-il en parler à Athos ?
- Je crains que oui, l'homme était assez mal accompagné, pour un gentihomme. Parlons-en à Athos. Ces derniers temps, les duels tournent à l'ambuscade. On est jamais assez prudent.
- Vous avez faim, Artagnan? Venez partager mon pain !
- Non merci. Je n'ai pas faim, d'ailleurs j'allais partir. Je vais voir Aramis.
- Sans moi, compagnon, c'est une plaisanterie ? Allez, aidez moi à enfiler ce fichu baudrier et pour une fois, abstenez-vous de vos commentaires à son propos. Il est fort joli, mon baudrier, de face !
- Oui, sous le manteau.
- C'est un baudrier d'hiver, mon cher, il se porte sous le manteau et on a pas besoin d'en voir le dos !
Et bras dessus, bras dessous, d'Artagnan et Porthos partirent chez Aramis, en parlant d'un duel qui les verrait une fois de plus côte à côte et non pas face à face, avec ou sans baudrier...