Une visite...

Vaudois osa à peine bouger, avec ce petit paquet fragile enveloppé dans un pourpoint de velours noir bien trop grand pour ses minces épaules. Il s'adossa juste contre le tronc de l'arbre et ferma les yeux pour se laisser imprégner et réchauffer doucement par le soleil déjà haut dans le ciel. Une brise légère se leva, apportant avec elle les effluves de l'air qu'embaumaient les odeurs de pain chaud, de chevrefeuille sur les murs, de fruits gorgés de sève. De l'autre côté de la rive, la ville s'animait, rentissait de bruits et de couleur.

Mais, de leur coté de la berge, assis comme il l'était dans l'herbe, en serrant contre lui le petit corps humide, Vaudois se sentait à mille lieues de cette agitation. La clarté semblait luire doucement, et dans cette chaleur, il ferma les yeux et se laissa aller.

Combien de temps restèrent-ils ainsi? Il avait dû s'endormir à son tour, car le soleil, très haut dans le ciel, indiquait à présent qu'il devait être près de midi, quand il ouvrit les yeux. L'enfant avait remué dans son sommeil. Vaudois jetta un coup d'oeil à son cheval qui brouttait à quelques pas d'eux, paisible. Puis son regard se posa de nouveau sur l'enfant.

Le gentilhomme arracha une brindille et s'amusa à taquiner la petite forme à la respiration paisible, qui reposait toujours sur ses genoux. L'herbe allait de son oreille à sa joue, en carresses mutines, en frôlements agacants. L'enfant grogna un peu dans son sommeil, fit un mouvement pour chasser l'importun insecte qui venait le tirer de ses songes.

Vaudois eut un sourire amusé.

Du fond de son sommeil sans nuages, John ne demandait rien d'autre que la tranquillité et la douceur du soleil. Aussi, lorsqu'il perçut vaguement que quelque chose se promenait sur sa joue. Inconsciememnt, il bougea un peu la tête pour la chasser...

Quelques secondes de répit, et il crut qu'il pourrait replonger dans son cocon. Mais l'énervante petite chose revint à la charge, semblant faire exprès de se poser cette fois ci sur les jointures plus sensibles du visage.

John, toujours endormi, fit un grand mouvement de bras pour le chasser définivement, et, satisfait, retourna dans les bras de Morphée sans s'apercevoir qu'il avait heurté quelque chose au passage.

De l'autre côté de la barrière de l'inconscient, Vaudois, bien réveillé, lui, se frottait le nez en grommelant...

( HJ : Fais gaf' at'guif', l'elachtik y'est tindu !! )

(HRP: l'énervante petite chose vous salue bien bas! mdrrr)

Vaudois fit la grimace en se frottant le nez. Mais au fond, cela l'amusait follement. Cette fois-ci, plus prudent, il repoussa lentement le petit corps, en veillant à ne pas le réveiller. Puis, enfin à distance plus raisonnable, il souffla doucement sur le visage.

L'enfant se mit à grommeler de plus belle dans les voiles du songe....

Si John avait cru un instant à la tranquillité retrouvée, il fut rapidement détrompé... Encore une fois, quelque chose s'ingéniait à l'agacer par le biais de son épiderme. Grognant, John enfoui son visage dans ses bras, se roula en boule, et rabattit le manteau sur lui.

Non mais.

Vaudois soupira. Finie la plaisanterie, le petit ne voulait pas se réveiller. Et pourtant... Pourtant, Vaudois commençait à sentir la faim le tenailler. Il hésita un isntant, espérant un peu que l'enfant ouvrirait un oeil. Mais non, rien.

Il se leva en secouant la tête, épousseta ses habits noirs et se dirigea vers sa monture, dont il saisit la bride et empoigna le pommeau.

A cet instant, John ouvrit les yeux.

John émergea de sous le lourd pourpoint noir, bataillant un instant pour trouver la sortie, et encore à moitié endormi, aperçu Vaudois qui se tenait debout près de son cheval.

L'enfant se leva, tituba légèrement, se frotta les yeux et baissa le nez. Il était à moitié nu, quelqu'un lui ayant apparemment retiré ses vêtements mouillés... Croisant instinctivement les bras sur sa poitrine, pour protéger les endroits déjà atteints, il regarda autour de lui, n'osant interroger le gentilhomme sur ce qu'il devait faire à présent.

Vaudois allait sans doute le ramener chez sa nourrice, et repartir...

Vaudois s'affairait devant son cheval. Son visage avait repris son expression habituelle de froide raillerie et de détachement flegmatique. Il rabattut la bride sur le pommeau. Un petit renifflement étouffé dans son dos lui apprit que l'enfant avait enfin fini par se réveiller. Il fit mine de n'avoir pas entendu et sauta en selle avec la légereté du cavalier consommé. Puis fit quelques pas en direction de la route, sans un regard en arrière.

Derrière lui, le silence de l'enfant murmurait toute sa déception. VAudois atteignit la route. Alors, seulement il s'arrêta et tourna lentement son regard vers John.

Le garçon serrait instinctivement son pourpoint noir sur ses épaules, comme pour se protéger. Etait-ce du froid... de sa vue...?

-Allons, enfant, il est temps, à présent...

L'enfant renifla un peu plus fort. Essuya rapidement ses yeux et s'approcha du cheval à pas lent.

L'adulte abaissa de nouveau son regard sur lui et eut un sourire.
-N'avez vous donc pas faim, John?
Et il se pencha vers lui du haut de son cheval, en lui tendant la main pour l'inviter à grimper près de lui.

John, qui décidémment avait bien du mal à comprendre les réactions de Vaudois, hocha la tête à la question qui lui fut faite, attrappa la main tendue, et une seconde plus tard, se retrouva juché sur la croupe de l'animal aux côtés du gentilhomme.

Le lourd pourpoint avait glissé, mais John ne s'en souciait plus... Il était bien trop occupé à se tenir droit pour ne pas tomber, var Vaudois avait pris le trot rapide pour regagner la ville...

Vaudois encadrait de ses bras l'enfant monté en selle devant lui, pour l'empêcher de tomber.

Ensemble, ils reprirent au trot la route de la ville. Une fois arrivés à MArly, Vaudois arrêta sa monture devant une auberge de bonne apparrence, propre et coquette, sauta à terre, et tendit ses bras à l'enfant qui s'y laissa glisser.Le gentilhomme ébouriffa les cheveux blonds d'une main tendre.
-J'ai une faim de loup! Pas vous, John?! Lança-t-il joyeusement. Alons, venez. Il prit l'enfant par la main et pénétra d'un pas vif dans l'auberge.

Ils s'installèrent à une table, et VAudois s'adossa confortablement contre le mur, en étendant ses jambes sur le ban. Il rejetta sa tête en arrière et, les yeux fermés, l'appuya contre le mur.
John s'assit face à lui, dévorant des yeux le gentilhomme et tout ce qui se passait dans l'auberge.

Au bout de quelques instants, Vaudois releva la tête et fit un signe à l'aubergiste.
- Pour le petit, du poulet, une pièce de boeuf, de la soupe, de la tarte et des fruits. Pour moi, une bouteille de vin de Layon et du pain. J'espère qu'après cela, vous n'aurez plus faim, ajouta-t-il à l'adresse du garçonnet, d'un ton moqueur.
Et il jetta sur la table une bourse à la forme arrondie.

L'aubergiste se retira en s'inclinant à trois reprises.
-Tout de suite, monseigneur

Les yeux de l'enfant s'agrandirent à ce titre, et VAudois haussa les épaules:
-L'argent annoblit toujours, John, expliqua-t-il.

Dès que les mets furent sur la table, l'enfant réalisa combien la faim lui tenaillait le ventre, et se rua sur les plats. Mais Vaudois tapa d'un petit coup sec sur ses doigts.
L'enfant leva des yeux hésitants. Vaudois sourit, ferma les yeux,murmura quelques mots tout bas, et se signa d'étrange manière.
Puis il se versa un verre de vin qu'il dégusta lentement. Il eut un hochement de tête satisfait.

John hésitait à présent à manger et Vaudois le railla.
-Allons, fils, vous pouvez à présent...

Fils... pourquoi ce mot lui avait-il échappé? Mais il était trop tard. Vaudois hocha la tête et se servit un second verre de vin qu'il vida.


(HRP: et non, je ne t'ai pas commandé un Happy Meal!!! mdrrrrr)

( HJ : Môdieu, tu parles d'un lapsus révélateur XD )

John avait observé Vaudois bénir le repas d'une façon un peu différente de celle à laquelle l'enfant était habitué, mais ne s'en formalisa pas.

Au moment où John trempait lentement sa cuillère dans l'assiette de soupe que l'on avait déposée devant lui, il vit Vaudois reposer son verre et se pencher vers lui comme il portait timidement l'ustensile à ses lèvres.

-Allons, fils, vous pouvez maintenant...

"Fils"...

Le contenu de la cuillère avait à peine eu le temps de passer dans la bouche de John que celui ci recracha le tout, droit devant lui, sur la chemise de Vaudois..

(HRP: xpldrrrrrrr! ah tiens, ca m'apprendra à me montrer gentil avec toi, petit monstre!!! )

L'oeil de VAudois étincella d'une lueur carnassière. Il y a peu, il en avait épinglé un homme pour moins que cela sur la poutre d'une auberge. Il serra les dents. Et se leva lentement en appuyant ses deux mains bien à plat sur la table. Il se retourna vivement, attrapa au vol la serviette qui pendait à la taille de l'aubergiste au moment où celui-ci passait justement derrière lui, et essuya lentement sa chemise blanche souillée de tâches verdâtres. Puis il écarta les lacets de sa chemise pour essuyer rapidement sa poitrine zébrée de cicatrices.

John s'était recroquevillé sur lui-même, dans l'attente d'une explosion de colère ou d'une gifle.

Vaudois se rassit, sans un mot, le visage froid. Il avança la main vers l'enfant et... lui retira flegmatiquement son assiette de soupe.
-Aubergiste, cria-t-il, apportez donc plutôt du pâté au lieu de cette soupe. Il semblerait que cet enfant ne sache pas l'avaler proprement, grommela-t-il plus bas, en accompagnant ces mots d'un coup d'oeil à John.

John se dandina un instant sur son banc, visiblement mal à l'aise et inquiet.

Vaudois éclata d'un rire franc.
-Allons, enfant, ce n'est pas grave. Mais... cela m'apprendra à ne plus vous commander de soupe. Je ne l'aimais guère non plus, à votre âge, glissa-t-il avec un clin d'oeil amusé.

Il rompit un morceau de pain qu'il avala avec un sourire narquois, en fixant la mine honteuse de John.
-La prochaine fois, commenta-t-il, guoguenard, si la soupe ne vous convient pas, je préfèrerais que vous le disiez franchement, plutôt que ce soit ma chemise qui en fasse les frais.

(HRP: bien fait, petit lama!)

( HJ : Après D'Arty le Contrat de Confiance, Grand Sachem Lanterne-Torchée, Sexy Priest au Faux Cul, Raoul le Pitbull ascendant Betterave et Hubert le Cocker... Voici... KUZKO L'AFFREUX !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Applaudissez le bien fort XD )

John ne parvint même pas à rire de cette boutade du gentilhomme, beaucoup trop surpris qu'il était par sa réaction pour le moins... débonnaire. Les rares adultes qu'il avait cotoyé dans sa jeune vie ne l'avait guère habitué à cela... Aussi, malgré l'absolution sans condition que représentait cette plaisanterie de Vaudois, l'enfant ne put-il s'empêcher de rougir en baissant le nez, et de murmurer d'une toute petite voix :

-Pardonnez moi...

A cet instant, l'aubergiste arriva avec le paté demandé ( HJ : Ouais, ça craint du paté, cette histoire, je confirme ! ) et le déposa devant John en riant.

(HRP: et oui, le pâté est une basse vengeance de ma part. )

lLe reniflement, de plus en plus fréquent, de John apprit à Vaudois que l'enfant était en train de pleurer sans bruit, sans larmes, le nez baissé sur son pâté.

Vaudois fit une grimace. Il avait été trop loin. Il le savait. Il tendit son mouchoir à l'enfant.
-Allons, John, ne pleurez pas, dit-il d'une voix sous laquelle perçait une légère hésitation.
John renifla un peu plus fort.
-Pourquoi? demanda-t-il d'une voix embuée de larmes.

Vaudois fit un sourire, accompagné d'un nouveau clin d'oeil.
-Parce que je ne saurais pas vous consoler, murmura-t-il.

Le gentilhomme vida tranquillement son verre, devant l'enfant qui essuyait son nez coulant dans la manche de velours noir du pourpoint dont il avait été emmalloté. Il ouvrit la bouche, pret à dire un mot, mais la referma lentement. Il y avait tant de pudeur dans les propos du gentilhomme, qu'il baissa de nouveau le nez sur son pâté.

Quand il releva la tête, ses yeux étaient secs et il ouvrit la bouche pour poser une question....

( HJ : Ici Andro, qui va avoir beaucoup de mal à écrire ce post, parce qu'elle chiale de rire derrière son ordi )

John passa une langue hésitante sur ses lèvres, avant de demander d'une voix timide, en regardant son assiette :

-Que met-on dans un paté... pour que cela sente aussi mauvais ?

(HRP: oh punaise! <<<pleure de rire!)


Vaudois avait porté son verre à ses lèvres, mais la question de l'enfant le laissa pantois.Il ouvrit de grands yeux, comme abasourdi, déglutit, et, tout à coup, explosa de rire en s'étouffant dans la gorgée qu'il venait à peine d'absorber.

Il riait encore à gorge déployée quand l'aubergiste s'approcha de lui, les poings sur les hanches, furieux.

-Comment ca, il sent mauvais mon pâté?! Comment ca?! Qu'est-ce que vous voulez dire là, mon jeune môssieur?

VAudois riait encore et les larmes coulaient de ses yeux, et son hilarité se renforca quand le visage de John prit une jolie couleur pivoine.

( HJ : Et maintenant... Que vais-jeuh faiiiiiiiiiiiiiiiiireuh ? XD )

John piqua du nez, en saisissant sa fourchette, et en prenant une bouchée de paté.

-Non, mais c'est que... ça sent mauvais... mais... mais c'est bon !!! Vraiment bon !!

Et de manger son assiette à toute vitesse, en essayant d'ignorer, et le regard noir de l'aubergiste, et Vaudois qui riait à s'en fêler les côtes...

L'aubergiste s'en alla en grommelant.

L'hilarité de Vaudois peinait à s'apaiser.
Il attendit patiemment que l'enfant enfournât la dernière bouchée avant de se pencher et de souffler à son oreille:
-Je les soupçonne de fourrer leur pâté avec de la chair de petits garçons...
Et il se rassit en souriant et en glissant un doigt sur ses lèvres moqueuses.

-Chuuuuuuttttt, lui fit-il dans un sourire.

John écarquilla les yeux, et lâche sa cuillère, horrifié... Avant de croiser le regard rieur de Vaudois, et de lire clairement qu'il plaisantait, encore... L'enfant rosit de sa naïveté et sourit aussi, timidement, en triturant machinalement une mèche de cheveux.

-Je comprends pourquoi c'était trop salé, alors... Mais je ne dirais rien, promis...

Vaudois échangea un sourire complice avec le garçon. L'enfant avait de l'esprit et Vaudois sentit son coeur se réchauffer doucement.

Ils déjeunèrent en silence. A la fin du repas, VAudois tira un petit poignard avec lequel il jouait machinalement. John avait les yeux fixés sur la lame, comme hypnotisé.Lla situation aurait sans doute tournée au ridicule, si l'enfant, avec une sensibilité bien au-dessus de son âge, n'avait senti que c'était pour lui le moment de parler. D'interroger... De savoir.

-Monsieur Vaudois... Commença t-il en se redressant et en se penchant sur la table. Pourquoi est ce que...

Il s'interrompit, cherchant ses mots. Il avait déjà blessé le gentilhomme une fois, il ne voulait surtout pas recommencer... Mais... Il avait vraiment besoin de savoir. Sinon, il se poserait trop de questions... Et il l'avait appris par expérience, trop douter, à la longue, cela finnissait par faire mal...

-Pourquoi est-ce que depuis tout ce temps que vous me connaissez, êtes-vous seulement venu me voir aujourd'hui ? Est-ce qu'avant, vous n'aviez pas besoin de moi, ou bien alors... vous êtes-vous rendu compte seulement ce matin que j'existais ?

Les mots étaient sortis tous seuls... Il n'avait pas eu le temps de les peser ou de les retenir... John fixait ses mains, qu'il tenait tellement crispées qu'elles en devenaient blanches. Il voyait même une petite veine battre sur une des jointures...

Il n'y avait plus qu'à attendre... Et à essayer d'espérer...

Vaudois reprit sa position initiale, le dos contre la muraille et la tête rejettée en arrière, les yeux fermés. Il ne dit pas un mot et resta aisni longtemps.

John, les yeux rivés sur ses mains crispées, jettait par moment un regard par en dessous au gentilhomme. Il n'osait plus prendre la parole, de peur de briser plus encore le fragile édifice que la journée avait bâti.

Enfin, Vaudois se redressa, s'assit face à l'enfant. Il avait gardé les yeux fermés, mais à présent ses coudes étaient posés sur la table et les mains jointes, les diogts croisés, à l'exception des deux index collés l'un à l'autre et sur lequel s'appuyaient ses lèvres minces, et de ses pouces sur lequel reposait son menton. Il ouvrit enfin les yeux et fixa John d'un regard étrange, à la flamme vacillante au fond de la pupille couleur de nuit. Il criosa enfin les mains, y appuya son visage, comme un homme en prière.

John sentait que les mots brûlaient, qu'ils souhaitaient sortir, mais que le gentilhomme semblait les chercher, les peser, les mesurer tous. Le garçon serra un peu plus la machoire.

-Fils...
VAudois hésita un instant. La première fois, l'enfant lui avait craché son étonnement en tâches verdâtres sur sa chemise. MAis cette fois-ci, le mot avait été choisi, il ne s'était pas échappé au hasard.
-Fils... vous avez encore une vie devant vous... ce que je vous dit aujourd'hui, vous ne le comprendrez sans doute pas. Mais peut-etre un jour...
Il s'interrompit, se mordit les lèvres.
-Tout homme cache en lui une part de lacheté. Certains plus que d'autres.... J'avais trop à faire avec ma propre vie pour savoir comment me charger de celle d'un enfant.Et, au fond, je n'ai jamais été enfant... Alors, comment comprendre ce dont vous aviez besoin, John. Il me semblait jusqu'alors suffisant de vous avoir permis de vivre décemment. Et puis... des enfants peuvent décevoir des parents. Mais des parents peuvent décevoir aussi... Surtout lorsqu'ils ne sont pas ceux que le Ciel vous a donné... Mais cette nuit... cette nuit, je crois que le Ciel m'a sourit...

Il se tut dans un sourire triste. L'image d'Elie passa devant ses yeux. Comment dire à cet enfant que jusqu'à présent, peu lui avait importé sa présence. Que jusqu'à cette nuit, il avait toujours cru que les hommes n'avaient aucune importance à ses yeux. Et que cette nuit, il avait compris que chacue existence à un poid. Et qu'on ne pouvat pas fuir devant son devoir...

-Je crois, chuchota-t-il, je crois avoir compris que, moi aussi, j'avais besoin de quelqu'un pour remplir ma vie. Mais que je ne le savais pas encore...

Son regard se posa sur la bouteille. Il avait honte de ce qu'il venait de dire, et de cet égoïsme qui l'avait fait revenir, après deux ans de silence. Au fond, peut-être avait-il cru que l'enfant n'avait pas besoin de lui, lui non plus.

( HJ : pardon du retard, je mattais les fesses du Grand Schtroumph )

John, en effet, ne comprenait pas... ne comprenait pas le sens exact des mots de Vaudois... Mais il sentait... là, tout au fond... Il sentait que ces mots là étaient l'expression de quelque chose qui faisait mal au gentilhomme... Qui lui faisait mal à l'intérieur... Après cela, le sens des mots n'avait plus d'importance...

Vaudois avait laissé dériver son regard et fixait maintenant un point droit devant lui, un peu au dessus de la tête de John. Celui ci se redressa, et se mit debout sur sa chaise, afin que ses yeux rencontrent exactement ceux de Vaudois.

-Et moi... murmura t'il. Et si moi j'avais besoin de vous... Vous ne vous l'êtes pas demandé ?

(HRP: le retour, )

Le regard de Vaudois rencontra enfin celui de John, et il le soutint un instant. Puis ses yeux se vidèrent de toute expression.

-Je...
Il hésita. Passa une main pâle sur son front et sur ses yeux, comme pour chasser une image pénible ou un souvenir douloureux.
-Non, John, je ne me l'étais jamais demandé.

Il se tut de nouveau, et son regard atone sembla vaciller comme une flamme.
-Vous savez, enfant... Ou plutôt vous saurez un jour que l'existence est une série de cicatrices, plus ou moins profondes, dit-il d'une voix éteinte, en resserrant machinalement sa chemise sur ses épaules et en passant une main pour rajuster ses cheveux devant son oeil vide. Et les cicatrices ne marbrent pas que les corps... Elles peuvent être plus profondes encore.

John fronça les sourcils, dans un effort de concentration. Il sentait que les mots du gentilhomme étaient importants, porteurs d'une vérité qu'il ne pouvait pas encore atteindre.

VAudois se resservit un verre d'un geste las, puis reporta ses yeux sur les yeux de l'enfant.
-Il est plus facile de construire des murailles pour se protéger que d'accorder un pardon. MAis les murailles isolent. Les gens se sentent seuls parce qu'il construisent ces murs au lieu de bâtir des ponts, j'imagine. Mes murailles à moi sont si hautes et si épaisses que je ne peux plus voir le soleil... Ajouta-t-il en vidant son verre d'un coup sec.
-Mais changeons de sujet! Dit-il brusquement, en feignant un sourire qui sonna faux.

John se mordit les lèvres pensivement.
-Monsieur.. je... je ne comprends pas.

Vaudois poussa un soupir.
-Enfant, il n'y a sans doute rien à comprendre.

L'enfant eut une mine déçue. Vaudois inspira profondément et reprit la parole.
-Bien, s'il faut vous expliquer... Non, je n'avais jamais pensé que vous puissez avoir besoin de moi. Car personne n'a jamais eu besoin de moi. Et j'ai appris à n'avoir besoin de personne. Du moins, je l'avais cru.... Et puis... je ne suis rien pour vous. De quel droit même vous ai-je recueilli?

VAudois grimaça quand il vit le regard de l'enfant s'embuer de larmes.

-John, je n'étais simplement pas prêt à vous accueillir dans ma vie, tout simplement, dit-il d'une voix tendre et vibrante. Mais.. mais maintenant, m'acceptez-vous pour tuteur, pour vous appuyer, et croîte, et grandir? Je ne peux pas vous promettre d'être toujuors là. Il ne faut jamais promettre quelque chose dont on ne sait pas si on pourra toujours le tenir. Mais m'acceptez-vous, l'espace d'un instant, comme votre bâton, dans votre marche sur ce long chemin sinueux qu'on appelle la vie?

L'enfant releva un regard humide et brillant sur l'adulte qui lui parlait d'une voix si douce.

(HRP: Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.

xpldrrrr. Voilà, si tout le monde n'a pas sorti le mouchoir avant la fin de se topic, je veux bien êter brûlé vif!!! mdrrrrrrrrr
)

(HJ: *câlin à Vaudois* c'est si beau! ^^ )

(HRP: merci, je rougis . Mais c'est la logique de VAudois, je ne fais que lui prêter mes mots! "Intentio auctoris", "intentio operis", comme dirait mon maître à penser le gros bonhomme barbu, mdrrrr))