Sur le chemin de ronde à mâchicoulis du châtelet d'entrée et de l'aile orientale, Mendoza s'arrêta sur les chiffres et les emblèmes : d'entrelacés, arcs et carquois, cors de chasse, delta et croissants...
Un sourire cruel anima son visage de cire. Il était à présent allié à la fine fleur de l'aristocratie française, contre leur roi. Il ne pouvait pas rêver mieux.
Il s'attendait en venant en France à fomenter des attentats, à susciter l'assassinat, à suggérer le régicide...Mieux que cela, il ne trouvait déjà que complots, intrigues, manipulations...Vrai, la France commençait à lui plaire. Peut être y avait-il d'autres distractions plus subtiles et moins sanglantes que les plaisanteries auxquelles il était habitué ? Ces distractions méritaient, ma foi, d'être explorées...Et mélangées à la sauce Mendoza : une pincée d'angoisse, un zeste de désespoir le tout mitonné quand même dans un chaudron de douleur !
Mendoza marcha ainsi jusqu'à l'aile nord. De là, il voyait la vallée de la Loire à perte de vue, et le fleuve, lascif s'étendre infiniment et sans hâte vers l'ouest. De là, il verrait arriver les conjurés partis de Blois ou d'Orléans, et saurait que l'heure de leur réunion avait sonné.
De Tours viendrait cette duchesse dont on lui avait parlé et que la belle Alejandra était partie chercher. Alors, ils mettraient sur pied les derniers détails de leur complot et lanceraient son exécution. Mendoza espérait bien y jouer un rôle de premier plan. Il lui manquait un roi à accrocher à son tableau de chasse...