Après quelques jours d'une cavalcade interminable, Bazin et Edouard arrivèrent finalement en vue de leur destination... Edouard s'attendait à ce que Bazin se dirige droit sur la rue de Vaugirard, mais au contraire, ce dernier continua sa course.
- Où allez-vous ainsi, Monsieur Bazin! s'écria-t-il tout désespéré de le voir aller, tandis que lui était tout vermoulu de fatigue.
- Nous n'avons pas de temps à perdre, il faut aller alerter Monsieur de Tréville tout de suite! Allez, du courage!
Réprimant un gémissement, Edouard reprit le galop pour rejoindre l'autre laquais, qui, malgré son bras en écharpe, tenait en selle. Ils ne s'étaient arrêtés que peu de fois sur le chemin, le plus long arrêt étant pour permettre à Bazin de se faire soigner le bras.
Bazin entra à toute vitesse dans la cour de l'Hôtel de Tréville, et jetant la bride sur l'encolure du cheval, il s'élança à l'intérieur, et en haut des marches.
- Monsieur de Tréville, Monsieur de Tréville!
Ce dernier sortit de son bureau, une plume à la main.
- Qu'y a-t-il, pourquoi me dérange-t-on? Ah, c'est vous Bazin! Qu'est-ce qui se passe?
Le serviteur mit quelques instants à reprendre son souffle.
- Messieurs Athos, Aramis et Vaudois ont été faits prisonniers par les conjurés, murmura-t-il dans un souffle.
- Mais alors...
- Il y a bel et bien existence d'un complot, malheureusement, impliquant même des hommes d'Église, continua Bazin sur le même ton, prenant un air affligé. Je ne sais rien de plus, si ce n'est que Messieurs d'Artagnan, Porthos et de Wardes vont tenter de les secourir.
Tréville écouta en hochant la tête, puis posa sa main sur l'épaule de Bazin.
- Allez, mon brave, je m'occuperai du reste. Je vois que vous êtes blessé, allez vous reposer et vous soigner.
Le laquais acquiesça, s'inclina brièvement et sortit, avant de remonter à cheval et de se diriger, au pas, vers la rue de Vaugirard pour un repos cent fois mérité. Edouard n'était plus en vue nulle part. Parti voir son père, sans aucun doute...
Alors qu'il tournait la clef dans la serrure, une jeune femme couverte d'une mante s'approcha, paraissant hésiter.
- Puis-je vous aider, mademoiselle?
- Heu... si, Monsieur, je recherche la maison de Monsieur le chevalier d'Herblay.
Bazin fronça les sourcils, considérant la jeune femme d'un oeil suspect.
- C'est bien ici que Monsieur habite, dit-il d'un ton prudent. Que lui voulez-vous? Sachez que mon maître est présentement absent.
- Je ne souhaite que lui remettre une missive de la part d'une amie.
- Remettez-la moi, en ce cas, mademoiselle, je ferai en sorte que Monsieur la reçoive sitôt qu'il reviendra.
- Je vous en remercie, Monsieur.
La jeune fille, souriant, tendit la lettre au serviteur, et s'éloigna tranquillement dans la rue. Bazin regarda pensivement le sceau de la lettre, haussa les épaules et entra à l'intérieur de la maison.