Arrivée de Marie-Jeanne de Bellechasse...

Aramis écoutait parler le gascon en hochant la tête, et ce qu'il entendait lui paraissait très sensé. D'Artagnan ne reconnaissait guère de maître en matière de diplomatie, et il avait une telle compréhension de la situation actuelle.

- Vous qui me dites fin stratège, mon cher, vous avez une compréhension stupéfiante! Je vous avoue n'avoir pas songé à l'influence espagnole... Mais ce que vous dites est fort vrai!

Il garda un moment le silence, méditant les paroles du gascon...

- Ainsi, selon vous, nous aurions encore affaire à une cabale espagnole! Si l'on ne blâme pas les huguenots cette fois, ce sera probablement Sa Majesté la reine qui encaissera le coup... Elle a en commun avec les protestants qu'elle a le dos fort large, particulièrement en ce qui concerne Son Eminence...

- Oui, la reine est espagnole. En laisant parler son coeur espagnol, elle risquerait de tomber dans bien des pièges. Les femmes sont imprudentes parfois, même les reines, surtout les reines...

Aramis sourit, amusé de cette sortie de son ami.

- Je le vois dans vos yeux, vous pensez à cette affaire épineuse qui nous a éparpillés sur une route de France et qui vous a conduit en Angleterre! Ah! Dans cette affaire, elle a été d'une imprudence proverbiale! A-t-on idée d'aller offrir pareille parure à un anglais, et surtout lorsque la dite parure est un cadeau du roi!

Aramis se souvenait bien de ce qui s'était passé. Mais une pensée l'arrêta soudain. Aramis venait en effet de se trahir... Au moment où cet événement s'était passé, D'Artagnan ne lui avait révélé aucun détail de la mission qui les conduisait en Angleterre... Lui avait caché à ses amis son implication dans l'affaire, dans l'ombre...

Il se mordit les lèvres, espérant que le gascon ne s'apercevrait pas de la bévue. Il se maudit intérieurement. Décidément, sa faiblesse allait le perdre!

Un petit sourire aux lèvres, le Gascon ne releva pas et il se dit qu'il était bien temps de laisser Aramis se reposer un peu. Il se leva lentement, gratifia Aramis d'une tape amicale sur l'épaule, plus une caresse en fait, et quitta la pièce en faisant signe à Bazin qu'il connaissait le chemin.

En sortant, il remarqua une lettre sur le sol que quelqu'un avait glissé sous la porte. Une lettre de femme..."Aramis, mon ami, vous ferez un abbé fort galant" pensa-t-il en s'esquivant., laissant derrière lui ce qu'il prenait pour une lettre d'amour.

Au loin, dans la nuit, l'ombre de Milady courait le long des murs et son rire intérieur fracassait le silence de la ville....

(HJ: Brrrr, quelle vision... )

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