De Wardes arrive...

De Wardes était directement descendu ici en sortant de chez le cardinal. Le Renard Vert était une des tavernes les plus hétéroclites de Paris, et si il avait une chance d'apprendre quelque chose sur les altercations de rue, c'était ici.

Il s'accouda près du tenancier, qui était un peu plus pâle que d'habitude.

-Que puis-je vous servir, M. de Wardes ? Demanda celui ci.

-Une bouteille de Beaugency et un renseignement... Aurais-tu vu des puritains dans ton tripot, récemment ?

-Encore ? Décidément, c'est ma journée ! Grommela l'hôte en plongeant sous son comptoir pour y dénicher un verre propre et le vin demandé.

-Comment cela ? Fit de Wardes distraitement, pour avoir l'air de répondre, alors qu'en réalité, il scrutait les buveurs.

-Rien, monsieur, rien... Grogna l'hôte. Simplement vous n'êtes pas le premier à me demander ce genre de chose aujourd'hui...

De Wardes fronça les sourcils.

-Qui d'autre, maroufle ?

-Ah, pardon, Monsieur de Wardes, je ne suis pas de ces hôteliers indiscrets qui se mêlent de dévoiler des affaires de leurs meilleurs clients !

-Qui d'autre, maroufle ? répéta de Wardes en présentant, d'une main sa dague, de l'autre une pistole sous le nez de l'hôtelier.

-M... Monsieur le chevalier d'Artagnan... Balbutia celui ci en louchant davantage sur la dague que sur la pièce.

-Quoi !?

D'Artagnan !! Il était venu lui aussi poser ces qustions ? Venait-il souvent ?
De Wardes saisit l'homme par le col et lui dit que s'il savait quelque chose, c'était le moment où jamais car il n'aurait plus l'occasion de parler là où on s'apprétait à l"expédier..

Le tenancier tremblait réellement de peur et balbutia :

- Je ne sais pas s'il reviendra bientôt car il a récolté un duel, dernièrement, en sortant d'ici.

De Wardes relâcha l'hôtelier, qui retomba derrière son comptoir en tremblant.

-Bah, il reviendra bientôt, oui, imbécile. C'est bien la seule qualité que je reconnais là à ce cadet de malheur : il sait tenir une épée. Donc, pas d'inquiétude, tu le reverras... Avant que je ne m'en charge. En revanche, tu n'as pas répondu à ma première question : As-tu vu oui ou non, des puritains dans ton auberge, dernièrement ?

-Comme toujours, M. de Wardes...

-Des puritains belliqueux ?

-Ah, non, pour cela... Oh, un instant ! Il y en a bien eu un qui a déclenché une bagarre, l'autre jour...

-Ah ? Comment était-il ?

-Oh, c'était un étranger... Ou du moins, il n'était jamais venu ici auparavant... Taille moyenne, figure austère... Toujours un oeil caché sous ses cheveux, et quel oeil... Ceux du diable ne doivent pas être bien différents...

"C'est bien ce genre de puritain que je cherche justement" pensa de Wardes.

-Fort bien, et où est il ?

-Je n'en sais rien... Mais si vous voulez le retrouver... Cherchez le mousquetaire Athos, c'est avec lui qu'il a déclenché la bastonnade...

-Athos ?! Le meilleur ami du gascon ? Décidément... Grogna de Wardes. Mais enfin, tant mieux, dans un sens... Je ferais d'une pierre deux coups.

Le tavernier regarda en soufflant de Wardes sortir de son établissement. Les serveuses lui lancèrent un regard inquiet.
- Vous n'avez rien à faire ? Il y a ici des gentilhommes qui attendent qu'on leur serve à boire. Faites donc votre travail, Mesdames !

Puis il retourna à ses pichets qu'il essuyait mollement , sans conviction après les avoir lavés.
- La peste soit de ses aristocrates qui n'ont rien d'autre à faire qu'à se battre quand nous avons tant à faire, nous autres, pour pouvoir survivre !