Nouvelle et désespoir...

Aramis regarda D'Artagnan s'éloigner dans la rue en direction de chez lui. Il avait fait une longue garde avant de venir le visiter, et sans doute allait-il se reposer dans ses appartements sur la rue Fossoyeur.

Le chevalier, revigoré par les aliments, et aussi par la présence de son ami, se disposait à se reposer également. Dans le silence de la chambre, un sourire s'étirait sur ses lèvres pâlies. Il pensait à certaine petite personne à Tours, et dont il attendait incessamment la lettre qui lui confirmerait sa venue. Il était très heureux. La blessure, quoique fort douloureuse, arrivait à point nommé. Ainsi, il pourrait à loisir apprécier la présence de sa douce amie sans avoir à feindre des affaires familiales...

Bazin frappa légèrement à la porte, et Aramis lui fit signe d'entrer, le coeur léger. Il portait à la main une missive parfumée, scellée aux armes si chères...

- Ah! Mon cher ami! Voici donc la lettre tant attendue... Avez-vous bien accueilli le porteur, comme à l'habitude?

Bazin avait une légère moue d'incompréhension sur le visage, moue qui inquiéta le jeune mousquetaire.

- À dire vrai, Monsieur, il n'y avait pas de porteur. Cette lettre a tout simplement été glissée sous la porte comme un vulgaire pamphlet. Mais je vous la donne.

Bazin tendit la missive au chevalier et s'éclipsa.Aramis la prit, fronçant légèrement le sourcil. Mais le cachet de la missive enleva ses craintes, et il brisa rapidement le sceau.

Son visage prit une teinte de cire à mesure qu'il lisait la courte lettre, qui allait comme suit:

(HJ : Aie, que ca fais mal...)

( HJ : C'est ce qui s'appelle se faire larguer, ça... *câlin au sexy priest* )

(HJ: Attendez, les amis, je n'ai pas encore fini la réaction d'Aramis, je la poste...)

Le coeur d'Aramis battit douloureusement dans sa poitrine, tandis qu'il contemplait, incrédule, ces mots si étrangers de cette écriture si familière et chérie... Incrédule! Une rage fiévreuse le saisit, tandis qu'il se prenait la tête à pleines mains, penché sur la missive dont chaque mot semblait le brûler au fer rouge. La douleur lui cisaillait la poitrine, élançant impitoyablement, mais il ne s'en souciait guère.

- Impossible! Impossible qu'elle ait écrit pareille lettre! Je ne peux le croire!

Il en recommença la lecture, deux fois, trois fois... Et la première phrase le heurta plus violemment encore. La raison fit lentement son chemin et mordit cruellement à l'âme du chevalier.

- Et pourtant si... Nul autre n'était au courant de cette affaire épineuse dont elle parle... Ah! Mort de ma vie, Marie, qu'ai-je donc fait?

Sa vue se brouilla et deux larmes roulèrent lentement sur ses joues puis tombèrent sur les lettres cruelles, étoilant le papier de deux perles liquides que celui-ci but comme avec avidité. Mais les pensées fiévreuses du jeune homme avaient quitté les mots, et se dirigeaient à présent vers les cieux... Son regard se voila, puis, petit à petit, son coeur cessa de battre sauvagement. Calme, pour ne pas dire résigné, le visage lisse, Aramis repoussa doucement les couvertures. Il posa ses pieds au sol et, l'instant d'après, il était debout. Le cisaillement atteint son paroxysme sous le bandage blanc, le faisant chanceler dangereusement. À la surface du tissu couleur de neige apparaissait progressivement une tache sombre, écarlate...

Ignorant la douleur, la faiblesse, le jeune homme fit quelques pas et s'abattit lourdement à genoux sur un priedieu. Il y appuya le front et poussa un soupir comme de soulagement, mais qui était en réalité un ultime cri de douleur pour ce coeur si secret. Et il demeura ainsi, silencieux, attentif, patient... désespéré...

Vers le début de l'après-midi, sa vue s'obscurçit brusquement, et le jeune homme eut un faible sourire, accueillant avec ferveur cette obscurité...

Il s'écroula du priedieu sur le sol.

( HJ :Horreur ! Amic, mais on ne peut pas te laisser comme cela ! Est-ce donc cette vipère deMilqdy qui doit vous venir en aide, ou peut être l'un d'entre nous ? Athos ou Porthos vont-ils débarquer ? ET Bazin ?? Qu'est-ce qu'il fait Bazin ? IL va te laisser par terre comme ca ? )

(HJ; j'arrive, j'arrive, t'en fais pas, je l'haïs bien trop pour le laisser mourir si vite! )

Milady sonna à la porte. Bazin vint ouvrir et la reconduisit auprès du blessé. Bazin fut absolument horrifié par le spectacle qui s'offrait à lui.

Milady conserva son calme et tenta de relever le chevalier pour le ramener à son lit, mais son bras droit était trop faible. Elle demanda l'aide de Bazin et, à deux, ils le recouchèrent. Milady entreprit de repanser sa blessure et d'appliquer les remèdes fournis par le médecin. Elle se demanda si elle devait faire appeler ce dernier, mais il lui sembla que l'état du blessé se stabilisait. Elle attendit donc patiemment que celui-ci reprenne connaissance.

(HJ: Bazin était à ses tâches, Athos est à la taverne avec Vaudois, Porthos est chez sa procureuse, et vous-même venez de quitter pour aller ouvrir à Edouard Je pensais bien à Milady, et en effet, la voilà! lolll)

L'obscurité si douce, le néant si profond... Aramis s'y laissait perdre presque avec délectation.

Mais soudain une lueur... Petite, mais persistante... Dérangeante... Aramis se sentit comme soulevé et porté, puis il ressentit qu'on s'acharnait à le faire revenir... Et pourtant, il était si bien, loin dans le néant, loin de ces gens, loin de la lettre maudite...

Aramis revint à lui au bout de plusieurs minutes, affaibli à l'extrême, et ouvrant les yeux, il frémit sous la douleur qui se rappelait à lui, douleur physique, douleur morale... Ah! Que n'était-il mort? Qui s'acharnait donc ainsi à le rappeler à lui malgré sa douleur?

Il promena son regard d'abord vitreux sur la scène et vit la jeune garde-malade ainsi que Bazin, celui-ci étant au bord de la panique. Il eut un léger sourire ironique mais ne dit mot.

Milady regarda le chevalier avec un tendre sourire. Elle aurait voulu lui dire quelque chose, mais la présence de Bazin la dérangeait. Elle remonta néanmoins ses couvertures avec beaucoup de douceur, en se penchant vers lui.

(HJ: va être un peu difficile au début Milady... lolllll)

- Monsieur, Monsieur! Grâce au ciel, vous êtes vivant! Vous avez failli me faire mourir de peur!

Le jeune homme s'arracha définitivement de sa semi-torpeur et posa un regard doux sur celui de son laquais.

- Allons, mon ami... Vous voyez bien que je suis en vie. Je n'ai eu qu'une légère faiblesse, voilà tout.

La lettre de la duchesse était encore à portée de main. Sa vue fendit à nouveau le coeur du jeune homme qui pâlit et se mordit les lèvres au sang. D'un mouvement, il prit la lettre et, à défaut de pouvoir l'enfermer dans son tiroir, la glissa sous son oreiller, pour l'avoir à tout le moins hors de sa vue, et hors de celle des autres présents dans la pièce.

- Je cours vous chercher un peu d'eau, Monsieur!

- Laissez, Bazin, je vous prie. Retournez donc à vos tâches, je crois que vous ne feriez que gêner Mlle de Bellechasse dans ses mouvements. Allez, mon ami.

Il avait dit cela d'une voix douce. Il contempla un moment le visage de la jeune fille, qui s'était penchée sur lui en lui remontant les couvertures. Son sourire était magnifique, mais le jeune homme, sombre, n'eu pas l'air de le remarquer.

Milady remarqua le geste qu'Aramis avait fait pour cacher la lettre de la duchesse de Chevreuse. Sa lettre à elle. Elle comprit la cause de la faiblesse du chevalier et eut besoin de toute sa puissance sur elle-même pour ne pas laisser éclater son plaisir. Mais elle ne pouvait s'empêcher de sourire, aussi fit-elle un gros effort pour que ce sourire soit empreint d'empathie.

"Vous m'avez fait peur, monsieur. Mais au nom du ciel, qu'avez-vous pensé en vous levant ainsi? Vous savez bien que vous devez éviter de bouger."

- Vous m'avez fait peur, monsieur. Mais au nom du ciel, qu'avez-vous pensé en vous levant ainsi? Vous savez bien que vous devez éviter de bouger.

Aramis, qui avait détourné le regard, le fixa à nouveau sur le visage de la jeune fille. Il eut un sourire ironique en réponse à celui, empreint de chaleur de la demoiselle.

- Ainsi, je vous ai fait peur, bonne petite... Je vous remercie, vous êtes fort bonne pour le mousquetaire gueux que je suis...

La lettre de la duchesse, même hors de vue, obsédait les pensées du chevalier. Malgré toute son emprise sur lui-même, une larme roula sur sa joue. Il détourna le regard à nouveau, plein de mépris pour lui-même. Ce faisant, son regard tomba sur le livre d'heures déposé sur la petite commode de l'autre côté de son lit. Il étira péniblement le bras, retenant une grimace, et prit le livre qu'il tendit à la jeune fille.

- Voici quelque chose qui me soulagerait, ce me semble... Lisez-moi donc quelques passages de ce livre saint, je vous en prie.

Milady s'exécutat, et lut pendant un bon moment, lentement, d'une voix empreinte de douceur. Il lui semblait que le mousquetaire retrouvait son calme.

Elle posa le livre un instant et retira le drap pour jeter un oeil sur la blessure. Sa main blanche et douce effleura le jeune homme.

La voix douce de la jeune fille lisant ces écrits détendirent le jeune homme. Il ferma les yeux, se concentrant sur ce qu'elle disait... Elle lisait à ce moment un psaume qui parlait de pardon et d'oubli de soi, et le chevalier soupira.

Il laissa la jeune fille le découvrir et examiner la plaie, les yeux toujours fermés. Le doux effleurement lui fit les réouvrir. Il sourit avec douceur à la sollicitude de la demoiselle.

Elle remonta les draps avec la tendresse d'une mère qui borde son enfant. Puis, elle entonna une chanson, à voix basse.

La tendresse de la jeune fille émeut Aramis, dont l'âme écorchée semblait trouver un beaume dans la douce présence de la jeune fille... Il posa son regard sur la main blanche et délicate de la demoiselle, et ensuite sur son visage... Et remarqua la finesse de ses traits, ses yeux empreints de douceur, d'affection même, crut-il voir... Il haussa légèrement un sourcil, mais se rembrunit aussitôt. Mais une légère lueur avait brillé au fond de son regard.

La jeune fille se mit à chanter d'une voix sublime de douceur, et le jeune homme inspira, ressentant la mélodie harmonieuse jusque dans les tréfonds de son âme... La voix d'un ange lui sembla-t-il...

Son corps commençait à réagir à la récente chute et à la perte de sang du jeune homme. Tout comme la veille, une vague de chaleur l'envahit... La fièvre s'installait à nouveau, mais le jeune homme n'en avait cure. Il était tout entier absorbé par la voix de la jeune fille.

Milady se demanda si elle devait s'enhardir et poursuivre, ou en demeurer là. Elle décida d'engager la conversation.

"Vous semblez être très croyant, monsieur. Je ne doute point que Dieu viendra à votre secours, vous verrez, vous vous remettrez bien vite."

Le jeune homme avait fermé les yeux, se laissant envelopper tout entier par la mélodie douce de la demoiselle. Lorsque celle-ci cessa de chanter, il ouvrit les yeux, regardant son visage adorable... Il n'avait pas entendu la question. Il secoua légèrement la tête, puis adressa un sourire impressionné à la jeune fille.

- Ah! Désolé, Mademoiselle, j'étais si absorbé par votre voix que je n'ai point entendu votre question. Vous avez une très jolie voix, et vous écouter m'enchante...

La fièvre montait toujours, et les joues du jeune homme rougirent sous son effet.

Milady lui appliqua une nouvelle serviette d'eau froide sur le front. Elle lui prit la main et lui dit:

"Ne craignez rien. Dieu m'a envoyée ici pour vous soigner et je ne vais pas vous abandonner. Vous guérirez!"

La serviette appliquée sur son front étourdit le jeune homme. Le contraste avait été brusque, mais il n'en avait cure, tandis qu'il regardait la jeune fille. Il serra doucement la main qui avait prit la sienne, souriant.

- Si jamais je guéris, charmante demoiselle, ce sera grâce à vos soins empreints de bonté.

Le doux contact de la main fraîche de la jeune fille semblait une amarre dans la réalité. Le jeune homme, attendri par la gentillesse qu'elle lui témoignait, gardait dans sa main celle de la demoiselle, presque inconsciemment.

Pour bien jouer son rôle, Milady devait faire abstraction de l'horrible événement qu'elle avait subi plusieurs moins auparavant, dont cet homme était l'un des responsables. Elle y réussit si bien qu'elle faillit avoir pitié du chevalier.

Milady posa sa seconde main sur la main du jeune homme, qui tenait déjà la sienne dans sa main.

(HJ: Jeu de main, jeu de main, n'est pas toujours jeu de vilain... désolée, une petite comptine qui me revient à l'esprit!)

Aramis regarda avec un brin d'amusement la jeune fille déposer sa main gauche par dessus leurs mains jointes, comme pour confirmer ce qu'il avait dit. Quelle douceur que celle de cette demoiselle!

- Ah, monsieur, si je n'avais déjà pris la résolution d'entrer bientôt dans les ordres... Je crois que...

( Woo, le rocher me tombe su la tête, là! dis, je peux te demander une petite faveur? Pourrais-tu allonger un peu tes posts pour me donner un peu de matière à partir de quoi réagir? En disant ça, est-ce qu'elle rougit, elle baisse le regard, elle fait quoi?... sorry, mais s'il te plaît, détaille un peu )

(HJ: D'accord. )

- Ah, monsieur, si je n'avais déjà pris la résolution d'entrer bientôt dans les ordres... Je crois que...

Milady feignait d'être mal à l'aise et baissa les yeux. Elle voulait vérifier jusqu'òù allait l'intérêt du chevalier. Elle prit un air contrit, l'air d'une jeune femme de bonne famille qui n'a que trop de mal à exprimer ses sentiments, et osa finalement relever les yeux pour rencontrer ceux du chevalier.

(HJ: est-ce mieux? )

(HJ: Paaaaaarfait, jolie demoiselle... Voyons ce que Aramis va répondre à tant de candeur... )

Cette phrase précipitée de la jeune fille surpris profondément le chevalier, qui du coup, retira sa main. Il pâlit légèrement, mais bientôt un sourire doux étira ses lèvres...

La demoiselle avait baissé les yeux, sans doute honteuse de cette déclaration aussi innocente qu'inattendue. La douce naïveté de ses paroles, sa candeur, son don de soi, tout ceci monta droit au coeur du jeune homme. Et elle était si belle, si pure...

Lorsque finalement elle prit sur elle-même et affronta à nouveau son regard, il lui souriait avec tendresse. Il reprit une main de la jeune fille et y posa un baiser, mi-galant, mi-affectueux.

- Vous êtes une charmante jeune fille, mademoiselle, et votre coeur est admirable.