Nouvelle et désespoir...

Milady s'enhardit. Cette approche semblait être la bonne, quoiqu'elle ne fut plus une toute jeune fille.

- Oh, monsieur! Que ces paroles sont douces à mes oreilles! Si vous saviez tout ce que... Mais pardon, vous êtes fatigué, et je suis ici pour prendre soin de vous, pas pour parler de moi.

Elle s'imaginait bien que le mousquetaire, à cet instant, n'aurait pas détesté qu'elle en dise davantage, mais elle croyait les hommes attirés par le mystère, plus que par la lumière éclatante, aussi elle se tut.

D'affectueux, le regard d'Aramis devint soucieux, et il incita la jeune fille à s'asseoir près de lui. Il posa sa main sur son avant-bras.

- Grâce à vous, je me trouve mieux, mademoiselle, je ne serais que trop heureux si je pouvais vous offrir mon soutien. Parlez sans crainte. Qu'est-ce qui vous trouble?

(HJ: *invente vite quelque chose* LOL)

- Ah, monsieur, je me suis bien promise que je ne serais plus qu'à Dieu, mais parfois, voyez-vous, j'hésite à entrer dans les ordres. Mais il m'est si difficile de faire confiance, à moi qui aurait tant à offrir.

Milady ne pouvait savoir que sa prétendue hésitation avait quelque chose de bien réel pour son interlocuteur également, du moins en ce qui se rapportait à son envie d'entrer lui-même dans les ordres. Elle pensa simplement que cette histoire pouvait la rendre intéressante aux yeux de son interlocuteur, et d'ailleurs, dans la situation bien réelle dans laquelle elle se trouvait, elle ne mentait pas tellement.

Le regard du jeune homme se fit sombre pour un instant, mais rapidement, il reprit son air attentif à l'égard de la jeune femme.

- En cela je peux vous comprendre, mademoiselle. L'on hésite à faire ce don de soi entier à son créateur, lorsqu'on ne sait si on a encore à donner à une créature...

Ses pensées se portèrent vers la duchesse, et une expression d'indicible souffrance traversa son visage, l'espace d'un instant. Il crut voir la pareille dans la physionomie de la jeune fille. Il déplaça légèrement une mèche des cheveux d'or de la demoiselle, et qui était tombée sur son front.

- Que vous est-il donc arrivé, mademoiselle?

Milady tressaillit lorsque le chevalier porta la main à son front. L'instant d'un éclair, elle se revit à la merci du bourreau sur le bord de la Lys. Et l'homme qui venait de la toucher avait prononcé la sentence. Elle éclata en sanglots.

Cette fois, elle tenta volontairement de trouver un écho chez son interlocuteur.

"J... J'ai déjà été la promise d'un homme merveilleux. Malheureusement, cet homme est mort, tué par un rival dont je ne voulais pas, et qui..."

Milady s'arrêta à cet instant, sanglotant la tête basse.

Lorsque la jeune fille éclata en sanglots, Aramis lui prit la main et la serra affectueusement. Il écouta les explications quelque peu hésitantes qu'elle lui donna. Avec effort, il se redressa légèrement sur ses oreillers, de manière à pouvoir être à sa hauteur. Il attendit quelques secondes, laissant la jeune fille pleurer autant qu'elle le voudrait. Il ne voulait certes pas la brusquer à lui révéler quoi que ce soit.

- Et cet homme... A-t-il fait quelque chose lorsque vous lui avez clairement démontré que vous ne l'aimiez point?

- Oh si, monsieur. Mais... je crains de vous révéler cette terrible histoire. Voyez-vous, j'ai fui mon pays pour oublier tout cela... et je n'ai osé en révéler les dessous à personne.

Il n'était pas tellement difficile pour Milady de jouer la comédie, elle qui avait effectivement vécu un horrible drame dans un passé si proche, et qui n'aurait révélé son histoire pour rien au monde.

(HJ: j'ai envie de me garder quelque chose à dire pour la prochaine fois... et d'aller me coucher, lol... est-ce ok si mon personnage se met en mode "émotif" et fuit? )

(HJ: bien sûr! Milady n'est pas trop séductrice, mais elle est bonne actrice, ce soir, mdrrr )

Aramis hocha la tête gravement... Elle avait fuit son pays... Cette phrase ne manqua pas d'étonner le jeune mousquetaire, car le franc-parler de la demoiselle lui semblait dénué d'accent. Elle parlait avec la même pureté de langue que le comte.

Il se contenta donc de se taire et de respecter le silence de la jeune fille.

(HJ: Voulais-tu qu'elle se déshabille? Bon d'accord, puisque le chevalier est réceptif, allons-y...)

Milady sécha ses larmes.

"Vous me semblez être une si bonne personne, monsieur le chevalier!"

Et elle lui prit la main et la porta à sa joue.

(HJ: Non, je n'ai pas souhaité qu'elle se déshabille... tut tut tut... It is as you wish it, Milady, vous êtes la séductrice...)

Ce mouvement spontané de la jeune fille attendrit le coeur du mousquetaire, et le troubla aussi légèrement. Il essuya délicatement une larme de la jeune fille avec son pouce, et dans le mouvement frôla avec douceur la joue et l'oreille délicate de la jeune femme de ses doigts. Sa beauté était bouleversante, et sa tristesse l'embellissait encore, si c'était possible.

(HJ: il semble avoir déjà oublié sa duchesse! M'enfin, je trouvais que pour une première, ou plutôt une seconde rencontre, elle s'était montrée assez ouverte et séduisante! mdr)

La jeune femme laissa retomber sa tête sur le côté, de sorte qu'elle se retrouva appuyée sur la main du mousquetaire, qui elle-même se trouvait sur son épaule. Puis, elle appuya sa tête sur le lit, près de l'épaule du chevalier, et murmura d'une toute petite voix:

"Si vous saviez combien j'ai pu manquer de douceur et de tendressse, chevalier..."

(HJ: c'est comment?)

(HJ: je suis un parcours d'idée aussi pour la duchesse, tu vas voir... nous y sommes c'est un peu plus que je ne croyais, mais ce n'est pas trop )

Aramis prit en coupe le visage délicat de la jeune femme. L'innocence de ses traits, cet abandon si sublime, ce coeur assoiffé d'affection... Toute l'émotion transparaissait dans son visage et le troublait plus qu'il ne le souhaitait.

Lorsqu'elle s'étendit auprès de lui, posant la tête près de son épaule, il passa ses doigts dans la chevelure dorée, parfumée au muguet de la jeune fille. Il courba la tête et apprécia le doux frôlement des cheveux sur sa joue.

(HJ : Elle va à 100 % à l'heure la bougresse, et Aramis qui se laisse circonvenir ! Ah la la ; les hommes sont tous les mêmes !

(HJ: Non, mais comment résister à un pareil minois? Vous en savez quelque chose! mdrrrrrr!!! )

(HJ: je m'attendais constamment à quelque chose comme "Aramis se réveilla soudain en ce demandant ce qui avait bien pu lui passer par la tête, regarda durement la jeune femme et lui ordonna de quitter immédiatement... Mais quand on laisse la porte ouverte à Milady, elle ne se gêne pas pour rentrer dedans... )

Milady revint quelque peu à elle. Elle était dégoûtée de se trouver ainsi près d'un homme qu'elle avait tant de fois maudit à la suite de ses cauchemars, et, bien qu'elle fut très satisfaite de son avancée dans le coeur du jeune homme et qu'elle eut voulu poursuivre, elle avait d'autres visites à faire, notamment chez M. du Monceau, chez qui elle espérait avoir les dernières nouvelles d'Édouard.

Elle se releva et, d'un ton quelque peu mal assuré:

"Merci, chevalier... J'espère ne pas avoir abusé... Vous m'avez fait tant de bien. Vous me semblez un si noble coeur... Avez-vous besoin de quoi que ce soit avant que je parte? Comment vous sentez-vous?"

(HJ: Back to )

Qu'un peu d'affection, et surtout un peu d'écoute, voilà tout ce qui avait été nécessaire à la jeune fille pour retrouver le sourire... Et en l'état où il se trouvait, Aramis avait été plus que disposé à lui donner...

À la demande qu'elle lui fit, il secoua la tête, encore à demi-perdu dans le rêve doux où l'avait plongé la présence douce de la jeune femme. Un noble coeur, lui!!! Il avait surtout été heureux de ne pas être demeuré seul avec lui-même, avec ses cauchemards, avec la constatation que son amour n'était plus rien pour Marie... Ah! Marie...

La jeune fille, sur le signe négatif d'Aramis, avait quitté la chambre. Sitôt, le visage du chevalier redevint sombre, et il retomba sur ses oreillers, anéanti par le souvenir doux d'un autre moment semblable qu'il avait vécu... Celle qu'il avait tenue contre lui à ce moment-là lui confiait son accablement d'être constamment la cible de Son Eminence...

Le regard douloureux d'Aramis tomba sur le livre d'heures laissé par la jeune fille... Il s'y accrocha comme à une planche de salut, et relut le passage concernant le pardon et le don de soi... Et il sourit doucement.

- Bazin!

Le laquais, qui était demeuré aux aguets pour l'appel de son maître, fit son apparition immédiate. Le sourire doux du jeune homme le soulagea d'une grande crainte.

- Allez donc, je vous prie, me chercher l'archevêque de Notre-Dame. Mais avant, apportez-moi mon écritoire ainsi qu'une pile de feuilles de papier.

Bazin, soudain radieux, lui apporta instanténément les objets demandés, puis sortit de la chambre presque en courant. Aramis le regarda partir avec sur la physionomie un sourire résigné. Il réfléchit quelques secondes, tentant de se rappeler ses souvenirs, puis son visage s'éclaira. Ayant déposé le livre d'heures à côté pour s'y référer, il se mit à écrire...

( HJ : *ici Athos est complètement mort de rire devant son ordi, après avoir lu cette scène siii romantique* )

Athos venait d'arriver chez son ami, monta légèrement les quelques marches qui conduisaient à sa chambre pour ne point le réveiller ( il était relativement tard ) et frappa doucement à la porte.

-Aramis ? Etes vous là ? C'est moi, Athos.

(HJ: T'en fais pas, j'ai envoyé Bazin en soirée chercher l'archevêque, je ne m'attends pas à ce qu'il reçoive un laquais dès son arrivée )

Aramis prit la feuille et l'agita doucement pour faire sécher l'encre. Puis, il la déposa à l'envers sur les autres, avant d'en prendre une nouvelle, une expression de douce concentration sur le visage. Il avait déjà remplit une dizaine de feuillets de sa minuscule et ronde écriture. Il regarda l'heure à la grande horloge placée devant lui. Près de 23 heures... Il poussa un profond soupir, frémissant légèrement d'un élancement de sa blessure. Puis il rassembla les feuilles et les parcourut du regard brièvement.

Sa thèse... Elle allait bon train, et lorsque l'archevêque reviendrait avec son laquais, il pourrait voir le sérieux que le jeune homme avait cette fois de rentrer dans les ordres... Il pensa avec un léger sourire à sa première idée de thèse à Crèvecoeur. Non inutile est desiderium in oblatione... Un peu de regret ne messied pas dans une offrande au Seigneur... Son thème était légèrement différent, cette fois, et sans doute l'archevêque approuverait ce qu'il avait choisit de traiter...

Des coups légers retentirent à la porte. Aramis releva la tête, se demandant bien qui pouvait visiter à une telle heure...

- Aramis ? Etes vous là ? C'est moi, Athos.

- Entrez, mon ami!

Athos pénétra dans la chambre de son ami, le chapeau à la main et le manteau sous le bras.

-Pardonnez moi de vous déranger si tard, mon ami, mais comme je n'avais pas eu le temps de venir prendre de vos nouvelles dans la journées, mon inquiétude n'a pas résisté.

Athos déposa ses effets sur une chaise et alla s'asseoir au chevet d'Aramis.

-Comment vous sentez vous ?

Puis, avisant les feuillets éparpillés autour du jeune mousquetaire :

-Oh, vous travailliez ?

- Pardonnez moi de vous déranger si tard, mon ami, mais comme je n'avais pas eu le temps de venir prendre de vos nouvelles dans la journées, mon inquiétude n'a pas résisté.

Aramis sourit avec affection à son ami.

- Votre présence ne m'importune jamais, cher ami.

Athos déposa ses effets sur une chaise et alla s'asseoir au chevet d'Aramis.

- Comment vous sentez vous ?

- Oh! La plaie est apparamment en voie de guérison, et cela élance moins lorsque je respire. Je vais un peu mieux, oui.

Il ne dit mot de ce qui s'était passé dans l'après-midi. Il eut une légère pensée pour la lettre toujours camouflée sous son oreiller, et il se mordit les lèvres.

-Oh, vous travailliez ?

Aramis ramassa distraitement les feuilles éparses sur son lit, avec un sourire d'excuse. Son visage prit une légère teinte rosée, voyant que son compagnon semblait intrigué par son occupation. Il regarda un instant son compagnon dans les yeux, et opta pour la franchise.

- Si, pourrait-on dire... Je suis en train de composer une thèse pour la présenter à l'archevêque de Paris...

Athos eut un demi-sourire : si Aramis reprenait ses vélléités de religion, c'était qu'il avait reçu de mauvaises nouvelles de sa maîtresse. Le mousquetaire, au vu de l'état de son jeune compagnon, préféra ne pas renchérir sur le sujet, et changea la conversation.

-Fort bien, mon cher, tant que cela ne vous fatigues pas... A propos, la jeune dame de charité qui devait venir s'occuper de vous at-elle bien rempli son office ?

( HJ : Athos, gaffeur qui s'ignore, mdr )

(HJ: Va tout de même falloir respecter ce que Dumas a écrit au bout du compte... Aramis va vraiment entrer dans les ordres à la fin de cette aventure )

Aramis vit le sourire de son ami, mais ne l'en blâma pas. Après tout, pareille scène s'était déjà produite auparavant, et il avait toujours fini par repousser le moment où il laisserait la casaque pour prendre la soutane... Il avait eu des raisons à ces moments-là, raisons que désormais il n'aurait plus... Sa main trembla légèrement sous l'effort que fit Aramis pour garder un visage impassible, et il y réussit... presque...

La mention de la jeune garde-malade et pour effet de calmer le coeur du jeune mousquetaire-abbé... Étrange... Un sourire involontaire se glissa sur ses lèvres, tandis qu'il pensait à l'innocence avec laquelle la jeune fille s'était approchée de lui, s'était confiée, avait pleuré sur son épaule...

- La garde-malade? Oui... Elle est très gentille, et surtout très compétente.

Athos prit la main de son ami., et s'aperçut qu'elle tremblait légèrement entre les siennes. Il fronça les sourcils et observa le visage du blond. Il avait détourné le regard, et son visage était pâle, malgré son calme apparent. Ce qui fappa Athos surtout, c'était l'absence de sourire. Aramis était un comédien. Un intriguant, sincère même dans son hypocrisie, qui avait appris à jongler avec les apparences et les sous entendus pour maîtriser son propre jeu dans la vie, et forcer les autres à dévoiler le leur. Aramis qui ne souriait pas, Aramis avec des yeux aussi tristes, c'était Aramis qui avait réellement besoin d'aide.

Athos serra plus fortement la main de son ami.

-Eh bien tant mieux alors, mon cher, elle ne vous remettra sur pied que plus vite. Votre corps, du moins, ira mieux... Mais Aramis, pardonnez ma franchise, mais je n'ai pas l'impression que cela ira aussi vitre pour votre âme. Me trompè-je ?

( HJ : edité ! )

Aramis accusa le coup, et il fit un léger mouvement, pâlissant encore davantage. Il ramena son regard dans celui, limpide, droit et noble d'Athos, et il eut l'impression de sentir son âme se désagréger. Le comte était celui de ses amis qu'il connaissait depuis le plus longtemps... Oui, sans doute, pouvait-il se confier à ce coeur noble...

Il laissa retomber sa tête sur sa main libre, et pour une fois dévoila une partie de son âme. Une larme glissa silencieuse le long de sa joue, et le jeune homme sortit la lettre de sous l'oreiller. Il la tendit à son ami, détournant le regard pour ne pas en voir l'écriture.

- Voilà la raison de ma douleur, Athos...